vendredi 27 février 2009

Mes mouflets sont des artistes

Ben si. M'enfous si vous pensez que je me la pète à donf genre mère poule en extase devant sa progéniture. Ouais, les trois. Un taux d'artistité imbattable, un truc de malades. Et d'ailleurs je peux le prouver par observations scientifiques, méthodiques et détaillées, histoire de vous calmer direct.
D'abord, juste pour que vous soyez sûrs que mon identité n'aurait pas été usurpée par une nana irréaliste et béate d'admiration, crachons un peu dans le dos de Chouchou, puisqu'il n'est pas là (voyez, cette cruauté, cette lucidité, voyez bien que c'est bien moi!): autant dire clairement que c'était pas gagné. Paske du côté Rosbif mes pauvres mouflets c'est pas un bagage c'est un boulet génétique qu'ils se traînent en guise d'oreille musicale. Chouchou, même Frère Jacques (qui, rappelons-le pour les boulets de son espèce, se joue sur 3 notes et donc est à peu près la seule mélodie masteurisable par tout le monde à partir de 2 ans et même sur un xylophone en plastoc made in China) déjà il retient pas la musique, les paroles c'est in your dreams aussi et si jamais il tente de le freudonner tu confonds facilement avec God Save the Queen, voire avec Dancing Queen (by Abba, son groupe préféré)... Chouchou c'est leu seul adulte (a priori en pleine possession de ses moyens intellectuels, même si sur ce coup-là j'avoue qu'ya de quoi avoir des doutes) qui a ACHETÉ l'album de Alizée quand il est sorti (mais si, souvenez-vous, "Lolita"?)... Je dois dire que heureusement pour lui qu'on avait déjà envoyé les invits du mariage quand j'ai découvert le CD en question, paske si je l'avais trouvé au premier rencart je peux pas garantir qu'il y en aurait eu un deuxième...
Donc, côté musique, les mouflets reviennent de loin. D'ailleurs soyons francs, les deux aînés en sont pas franchement revenus, paske ça reste Question pour un Champignon pour deviner ce qu'on écoute quand le Kiwi rentre de l'école en ayant appris une nouvelle chanson. Quant à la perforlance de Minky dans Petit Papa Noël, je pense qu'elle a plus de chances de gagner Vidéogag que la Nouvelle Star... Par contre le ptit dernier a récupéré tout le potentiel laissé à dispo par ses frangins. Hier soir a d'ailleurs été un des rares, très rares, moments de ma vie où j'ai regretté de pas posséder une caméra vidéo comme toute famille de ploucs pondeurs qui se respecte: le Blini a chopé sont crocrodrill en plastique avec piano-xylo greffé sur le dos, s'est campé sur son ptit derrière sur son tapis de sol, placé l'instrument bien en face de lui, levé ses mimines, vérifié que tout le monde le regardait bien, et plaqué une série d'accords parfaits d'un air assuré, la bouche en cul de poule pointée vers ses muses célestes, c'était juste magnifique. Beethoven, Bach, Mozart et Haydn peuvent faire la planche dans leur tombe tranquilou: la relève est assurée. A 8 mois 3/4, moi je dis: "bel effort, le nain". Déjà on avait remarqué un sens inné et surdevéloppé du rythme très développé, depuis la sucion de tétine en tempo syncrône avec la musique (ouais, même celle de Alizée, c'est dire si il est pas snob, en plus!) jusqu'au battement métronomique de cuiller sur la tablette de chaise haute garnie d'un bol de soupe, en passant par les vocalises chromatiques à 4h du mat. Là ayest, on sait que pour son 1 an il aura un piano à queue.
C'est déjà du joli, mais ça s'arrête pas là. J'ai vu l'autre jour qu'on pourrait se retapisser la ruine au 24 carat si on avait l'intelligence de certains parents made in USA qui vendent sur le web les toiles de leurs mouflets de 2 ans. Je pense qu'avec Minky on aurait un marché. Je le vois bien dans le rôle du plus jeune plasticien du mooonde. 'Plasticien', déjà paske ça fait autrement plus avant-garde que 'peintre' et puis aussi paske son utilisation de matériaux insolites justifie cette appellation: voilà un mouflet qui, après avoir fait ses armes en dessinant sans complexe et à grands gestes décidés sur les murs du salon au stylo bille, puis à la craie orange dans la salle de jeu, puis à la semelle de chaussure dans sa piaule (de plus en plus original, vraiment), voilà un gamin donc qu'est capable de te sculpter n'importe quoi à base de krispies ramollis à la bave, de croûte de Babybel ou même de pulpe de clémentine. Voilà un marmot qui arrive à faire le tri des aliments dans sa bouche par couleur et texture, et à te recracher le tout en petits tas distinctifs dans son assiette pour en faire un tableau. Voilà un lardon qu'a pas peur d'y aller à fond, qu'a aucun complexe et aucun doute sur ses aptitudes graphiques, et qui quand on lui demande "c'est avec cette main que tu le tiens d'habitude, ton crayon?", répond du tac au tac "nan, les deux" et empoigne deux feutres en même temps pour dessiner frénétiquement des deux mains sans regarder la feuille ni la tenir (donc sur la table, 'plasticien', je vous dit). Voilà un môme qui est suffisament sûr de lui pour attaquer une toile pour de vrai plus grande que lui à l'acrylique et me faire un tableau période bleue tout en camaïeu de turquoise farpaitement assorti à ma cuisine, soit exactement ce que je lui avait commandé.
Et pouf, je crois qu'on vient de trouver le moyen de financer le piano à queue du Blini.
Finalement, celui qui était le moins bien barré c'était le Kiwi... C'est sûrement lui qui a hérité du plus de gênes rosbif sur ce coup-là. Jusqu'ici il faisait dans le conceptuel. Il dessinait que des "à l'envers" et des "vert". A savoir que la conversation à son retour de classe c'était:
-"Tiens Mummy j'ai fait un dessin pour toi.
-Oh, c'est... joli... c'est... quoi?
-C'est à l'envers."
Ce à quoi le Kiwi n'ajoutait plus rien, l'artiste ne s'abaissant jamais à expliquer son art aux ignares manifestement inaptes à en saisir la portée.
Et, les fois où j'avais l'inspiration cosmique en phase avec l'expressionisme de mon mouflet et que je prenais le bout de papier froissé dans le bon sens dessuite, ça donnait:
-Merci, c'est très beau... Qu'est-ce que c'est?
-C'est vert, c'est pour ton bureau.
Ce à quoi la Mummy dubitative n'ajoutait rien en prenant un air entendu et attendri, hsitoire de ne pas laisser transparaître que peut-être le Kiwi allait devoir se brosser Martine pour qu'elle encadre les 378 bouts de papier froissés avec juste un trait vert dessus qui étaient sensés décorer son bureau (tapissé de toile de Jouy ROSE, décidément, ce mouflet avait les goûts de son rosbif de père, c'est à dire pas de goût du tout).
Mais ce qui caractérise le Kiwi, c'est son désir de bien faire, son souci de faire plaisir, son besoin d'être aimé. Donc le Kiwi a persévéré. Et à force de dessiner seulement des haricots verts anorexiques, il a fini par apprendre (avec l'aide de son instit, voyez que je suis pas ingrate comem parent d'élève!) à dessiner des formes. On s'est donc dûment extasiés devant son premier rond. Puis son premier bonhomme (c'est à dire deux ronds empilés, mais bien empilés, qui se touchent sans s'empiéter dessus). Puis le bonhomme a eu des chweux, des points pour les yeux, une patate pour le nez et "une bouche qui sourit".
Ensuite le Kiwi a su dessiner un carré avec presque tous les côtés de la même taille et presque parallèles et on est entrés dans une période cubiste. Ensuite le Kiwi a eu sa période gothique et a appris à tracer des croix partout. On a d'ailleurs toute une série de jolies évocations des cimetières militaires de Normandie et/ou Verdun sous la neige... Avec une déco adaptée, ça pourrait rendre très très bien chez quelqu'un (d'autre).
Puis on a eu la longue épopée des "lignes brisées" comme c'était très bien expliqué dans le cahier de liaison. "Montagnes dans la brume" est d'ailleurs en vente sur Ebay au prix de départ de 15000 euros, si vous cherchez à agrémenter votre salon... Et enfin le Kiwi a maîtrisé les triangles. Période mexicaine, donc, et multiplicités de petis formats intitulés "Tacos et Doritos sans sauce", actuellement aux enchères chez Sothersby's of London.
Mais le dessin du Kiwi que je préfère et que peut-être je vais vraiment encadrer dans mon bureau (si la vente de ses productions précédentes permet de financer le procès qui m'opposera sans doute à la nounou de son frère que j'ai honteusement dépossédée de cette oeuvre majeure qui lui était destinée), c'est celui-là:

Ben ouais, je suis vachement pas open-minded pour ce qui est de l'art: je suis restée bloquée au figuratif... si ça représente pas ce que ça doit, ça me parle pas. On pourra néanmoins trouver dans cette création une influence Magrittienne ("Ceci est une pipe") et malgré tout saluer l'audace du jeune artiste qui a quand même eu le culot de se détacher d'une reproduction pure et simple de la réalité de l'objet, puisque son école, en vrai, est rose et pas orange. Ce qui a priori aurait été plus assorti que ça à ma toile de Jouy, mais comme je suis finalement un tout petit peu réceptive à l'art dérangeant, je crois que je vais l'accrocher au mur quand même.
Ben voyez, finalement, je sais bien faire aussi la mère en extase devant les merveilles de sa progéniture!

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