mardi 29 juillet 2008

cute power

toujours pour les mêmes pauvres gens monolingues, en français dans le texte ça pourrait se traduire par « le pouvoir de la mignonitude », mais, bon, hein, pareil, quoi...

mes mouflets à moi un peu presque c'est des Pokémons super platine tellement ils en ont plein, des powers... et en ce moment celui que je remarque les plus, c'est le cute power. le cute power, que je vous espike, c'est cette capacité qu'ont les mouflets en général et les miens en particulier à être juste cro mignons, totalement adorables, désespérément à croquer, que même quand tu fais tout ce que tu peux pour pas être une maman-gaga tu peux pas luter, et que même quand tu es super remontée contre eux que tu devrais avoir envie de les cloîtrer dans leur chambre jusqu'à ce qu'ils se calment c'est à dire dans longtemps, tu peux juste pas t'empêcher de te laisser attendrir.

alors, attention, hein, paske le truc de oufs dans l'affaire, c'est que chacun de mes mouflets a sa spécialité dans la cutitude.

d'abord on a eu le Kiwi. 3 ans et demi maintenant, donc 3 ans et demi d'entraînement intensif au cute power. le Kiwi sait parler, maintenant, et ça n'arrange pas ton affaire vu que ça améliore vachement son cute power. la botte secrète du Kiwi, qui déjà a eu le bon goût de dire « Mummyyy » comme premier mot avec la juste dose de trémolo dans la voix pour que tu puisse pas le faire attendre une seule seconde, c'est le baratin genre « je suis un pauvre petit enfant malheureux et personne ne m'aime ». le Kiwi, au lieu de te demander 18 fois si il peut avoir une sucette au coca, te dit d'emblée en prenant une moue boudeuse à te fendre le coeur « je voudrais bien une sucette au coca mais je sais que j'ai pas le droit et que tu voudras pas m'en donner même si je suis très très sage tous les jours ». et il tourne les talons très très loin du tiroir à sucettes, les épaules en berne comme siil portait tout le malheur de tous les enfants maltraités du monde dessus alors qu'elles sont toute maigrelettes et toute mignonnes... et même quand tu lui dis « c'est vrai que t'as été sage aujourd'hui, allez viens là que je te file une sucette et un gros câlin », il te répond: « mais je croyais que je peux pas en avoir, j'ai pas le droit... ».

Cute power version perle, la maîtrise parfaite de la culpabilisation parentale à cet âge, ça calme.

Ensuite on a le Minky, 18 mois, cute power déjà bien rôdé qu'on croirait qu'il a déjà capté le sens de la vie. le Minky a des armes redoutables pour user de son cute power: le Minky a des chtites bouclettes toutes mignonnes, des grands yeux et des longs cils tout mignons, et des chtites quenottes ultrabright qu'ont pas poussé partout toutes mignonnes qu'il montre dans un sourire irrésistible... le Minky peut faire la pire des conneries et te regarder droit dans les yeux alors que tu viens de lui dire pour la 18e fois que si il remet encore de la compotte dans le chariot du DVD ça va chauffer sévère, que si il se sert encore de sa Cracotte humide de bave comme d'un peigne ça va plus rigoler longtemps et que la prochaine fois qu'il pique la susu de son ptit frère pour la planquer dans la litière du chat ça va barder grave. mais comme il fait tout ça en te regardant avec ses grands yeux à longs cils, en gigottant ses chtites bouclettes et en te faisant son sourire de tombeur romain dopé au Colgate, tu peux juste pas t'empêcher de sourire intérieurement qu'il est cro mignon, et que bon ok ça va pour cette fois puisque bon après tout ya pas mort d'homme, et pis bon au moins il est franc, il fait rien dans ton dos, il attend toujours que tu sois là pour faire ses bêtises.

Cute power version or. Respect.

et enfin ya Choupi, le minuscule bébé coquin. 1 mois et demi et déjà une maîtrise certaine du cute power qu c'en est inquiétant pour la suite, on va en baver ça c'est sûr. Le Choupi est juste cute de la tête aux pieds (en ce qui me concerne, d'ailleurs, surtout des pieds paske je pourrais les lui croquer environ 24h/24), une petite boule d'amûûûr sans défense et sans mauvaises arrière-pensées que c'en est tellement attendrissant que juste c'est impossible de le gronder, de lui en vouloir, de s'énerver, même quand il se réveille pour la 18e fois de la nuit que c'est juuste techniquement plus possible qu'il ait faim, qu'il fait pipi pour la 18e fois sur le beau canapé Louis XV que ça en dérouterait son néphrologue pédiatrique, ou qu'il fuite du caca jaune d'or de sa Pampers pour la 18e fois que c'est juste plus possible de lui trouver un pyj' propre vu que là ils sont tous dans le bac à linge sale... mais malgré tout ça cute power totale maîtrise, le Choupi peut te vomir dans les cheveux, tu t'en fous, il est tellement cro mignon que tu es fan envers et contre tout.

Cute power version platine. Imbattable.

ah, je vous le fais pas dire, on est pas sortis de l'auberge...

enfin si, quand même, paske ouf le tôlier (=Chouchou) de l'auberge en question a l'air d'avoir une carapace super étanche au cute power... lèvre inférieure tremblottante baratineuse d'assistante sociale, bouclettes parfaites et grands yeux rieurs, petits pieds à croquer, tout ça n'a AUCUN effet sur lui. AU-CUN. à croire que son armure spéciale anti cute power est vraiment à toute épreuve... la chance! ou plutôt non, le pauvre, passer à côté de toute cette cutitude, c'est juste trop dommage pour lui!


lundi 28 juillet 2008

sleep power

de même que pour la note précédente, j'aurais pu un peu moins me la taper et appeler ce post « le pouvoir du dodo », mais de même que dans la note précédente ça en aurait nettement moins jeté, donc je garde la sauce rosbif, thank you very muche.

le sleep power semble être un truc qui pousse sur les ptits mecs en même temps que leurs attributs masculins. je sais pas si des recherches ont été faites dans ce sens, mais si des docteurs se penchaient sur cette question cruciale ils découvriraient rapidos que le sleep power est aussi intimement lié avec la testostérone que ce foutu lierre avec notre haie toute pourrie...
la preuve en est que moi testostérone, a-pas, donc dodo power a-pas non plus. sauf exceptions exceptionnelles pendant grossesses de micro couillus où donc techniquement j'avais en moi un dose de testostérone suffisante pour arriver à dormir à peu près correctement.
mais le reste du temps, je suis une quiche totale au sleep power contest.
par contre, et comme quoi ma théorie tient grave la route, j'ai pondu 3 ptites usines à testostérone et les TROIS sont apparemment aussi des usines à somnifères intéieurs paske leur sleep power c'est juste un truc de malades, comme leur daddy d'ailleurs.
c'est bien simple, j'ai pondu trois mouflets qui non seulement font leurs nuits honteusement tôt (je devrais dire fièrement, d'ailleurs, paske ya quand même tout un paquet de gens qui nous envient de façon assez inquiétante sur ce point), mais en plus ils sont caps de dormir n'importe où n'importe quand et pendant super longtemps... d'ailleurs pas plus tard que tout de suite j'ai une petite boule d'amour qui ronfle comme un pompier polonais alors qu'il est en train de glisser dangereusement de mes genoux trop étroits pour les accomoder lui ET l'ordi portable. bien au chaud tout bloti contre la sortie d'air chaud du chti ventilo de l'ordi, il roupille comme un bien-heureux. la tête en bas, le dos vrillé, les pieds dans le vide que ça a l'air d'être incomfortable au possible, il écrase à poings fermés, le lascar. alors que moi qui suis naze de chez au-secours-si-je-fais-pas-très-vite-une-sieste-je-meurre, ben je suis là à vous tapoter des posts au lieu de me sauver la vie et de ronquer un peu.
alors halte immédiate à tous les gens qui vont hurler que ouais mais nan mais c'est normal tous les gamins sont comme ça: je vous rétorque cash que la théorie marche aussi sur les usines à testostérones matures, paske que je suis l'heureuse moitié d'un chouchou version dormeur +++. je pense sincèrement qu'il doit s'entraîner en cachette au bureau, paske arriver à s'endormir comme ça sur commande personnelle c'est juste pas possible autrement. ce rosbif est capable de s'endormir quand je lui parle (bon, ok, ça tous les mecs le font quand on leur raconte notre journée passionnante de changements de couches et tétées à répétition sur l'oreiller), mais il est aussi capable de s'edormir en parlant lui-même, ce qui tient quand même du tour de force. je lui pose une question, il est encore conscient puisqu'il la comprend et commence à y répondre, et il a pas fini sa phrase qu'il ronfle déjà!
ah, c'que je donnerai pas pour être une queen of the sleep power comme mes quatre mectons! imagine, les gens, tu te fais suer en réu, alors pouf, tu t'endors histoire de récupérer de ta nuit blanche passée à préparer la réu! tu trouves que la bouffe est bof et les voisins de table barbants au mariage de ton cousin, alors pouf tu sommeilles une demi-heure pour faire passer le temps jusqu'au dessert... tu te rappelles vraiment plus où t'as rangé les justifs de la CAF pour remplir la feuille d'impôts, alors pouf tu roupilles en attendant que ta moitié ait fini de tout faire! ya rien d'autre que la redif de la quotidienne de Secret Story à regarder, alors pouf tu t'endors pour patienter jusqu'au début des Experts Miami. Chouchou, lui, il sait faire tout ça. et les mouflets aussi. moi par contre, j'ai jamais réussi...
ça se greffe, une glande à testostérone, ou pas?

mercredi 23 juillet 2008

Cry power

(pour les gens qui seraient pas aussi fluent que myself en shaekespare, on pourrait traduire ça par « le pouvoir des larmes », mais admettez que ça en jetterait nettement moins...)


Le cry power est un truc essentiel à maîtriser dans la vie... et je m'en rends d'autant plus compte que je suis pas à la base une cry warior de nature.

Quand je vois mon mouflet number 2 qui à moins de 18 mois avait déjà un cry power super musclé, je me dis que j'ai pas à m'en faire pour lui, il s'en sortira toujours dans la vie. Ben ouais paske les études, le piston, la chance et tout ça c'est bien joli, mais un gamin et plus tard un adulte doué pour le cry power, ça c'est du lourd, du balaise, du fingers in the nose.

Minky par exemple, est capable de pleurer sur commande, dès qu'il en a besoin, avec vraies larmes, sanglots déchirants et écrasement face contre terre les bras en croix. Quand il veut, où il veut, et surtout quand ça m'arrange pas et que je veux à tout pris qu'il se tienne à carreaux. Du coup, avouons-le clairement, Minky obtient assez facilement ce qu'on ne voulait pas lui donner non-non-non-sous-aucun-prétexte-moi-vivante-jamais... et comme en plus Minky arrive à faire son petit cinéma pendant des longueurs de temps qui devraient être inaccessibles à sa petite conscience de presque encore bébé, c'en est d'autant plus remarquable.

Moi je dis, un gamin qui est capable de maintenir la pression nerveuse, l'intensité vocale, le flux lacrimal pendant une bonne demi-heure à son âge, c'est même carrément remarquable et rien que pour ça il mérite qu'on ne s'inquiète pas pour son avenir. Voilà un mouflet qui trouvera toujours dans sa chtite tête dure comme du bois exotique la volonté de faire tout ce qu'il faut pour obtenir tout ce qu'il veut. Et souvent je me dis que je ferais bien d'en prendre un peu de la graine, histoire de me faciliter la laïfe de temps en temps...

Ma mère, déjà, m'avait prévenu dans mon jeune temps. Même si elle niera tout en bloc genre « tu divague ma pauvre fille, jamais je n'ai dit une chose pareille », je me souviens quand même très clairement qu'elle m'a raconté comment elle amadouait les flics qui la chopaient au radar ou au saut de feu rouge dans son jeune temps: un bonne baffe au hasard à l'arrière du véhicule et elle se retrouvait la fière détentrice de trois mouflettes pleurant à chaudes larmes et hurlant à la mort si bien que le poulet avait pitié de cette pauvre femme et de ses pauvres oreilles et la laissait repartir sans prendre le temps de dresse son PV. Du grand art.

J'ai moi-même tenté d'utiliser la ruse dans ma jeunesse de conduite sport (du temps où je conduisais pas une bétaillère à mouflets avec grande précaution et conscience exacerbée de transporter plusieurs fruits de mes entrailles et prunelles de mes yeux fragiles à l'arrière). Mais faut croire que le cry power n'est pas héréditaire ou alors saute une génération, parce que j'avais pas fait grande impression à l'époque sur les braves gendarmes qui m'avaient arrêtée pour excès de vitesse... j'avais tenté la crise de larme, ça leur a déclenché une crise de rire, mais j'ai eu mon PV quand même!

Par contre, je crois bien devoir constater que le cry power peut s'améliorer avec l'âge, vu que je m'en suis pas si mal sortie lors de mes vacances médicales: pour me faire sécher mes larmes, ils m'ont bien renvoyée plus tôt voir mes bé-é-bé-ééééés et ils n'ont pas osé me garder quand j'y suis retournée une semaine après la sortie pour des douleurs abdo. Ah, je progresse, ya pas... ça doit être à force d'admirer la haute voltige du Minky. Quel talent, quand même! Heureusement que j'arrive à développer avec non moins de talent une impression de la Mummy sourdingue et insensible au soleil couchant, parce que sinon ce nain me marcherait déjà sur la tête en pleurant de rire!

Non mais, j'vous jure!

mercredi 9 juillet 2008

same player shoots again

ha ha ha.
nan, avouez, c'aurait été dommage de s'arrêter en si bon chemin... et surtout, c'aurait pas été déonthologiquement acceptable que je ne termine pas proprement mon étude comparative des moyens de transport de malades... donc, today, j'ai testé pour vous l'ambulance privée avec option retour à la case départ double face. Je vous espike?
bon déjà depuis hier j'ai mal au bide. Jusque là rien de bien fou vous me direz. sauf que chat échaudé etc, et que je peux/veux pas non plus tenter le diable trop trop des fois que à force il se prenne de love pour moi et que je finisse par décéder pour de bon. donc OK, hier mal au ventre.
cette nuit, sueurs froides et de plus en plus mal au ventre.
ce matin, réveil en douleur et impossible de marcher dépliée en deux...
mmmhhh. "you phone the doctor NOW" a dit belle-maman sur un ton de nurse rosbif pas commode en voyant ma tronche pas fraîche. j'ai bien été obligée de dire "OK, boss" paske bon ça fait une semaine qu'elle joue à la maman avec mes trois mouflets et qu'elle fait le ménage à fond dans la ruine qu'a jamais vu ça, alors bon j'ai pas trop envie de la contrarier non plus.
sauf que là au téléphone ma généraliste panique, appelle l'infirmière libérale qui passe plus tôt que prévu et panique aussi paske ya du vert et du sanglant qui coule là où ça devrait pas, et en moins de temps qu'il n'en faut pour sauter le p'tit dej' je me retrouve l'heureuse propriétaire d'un "bon de transport" et ya une ambulance devant ma porte.
je vous laisse imaginer l'excitation supersonique des mouflets en délire à grand renforts de "Mummy, pourquoi y te met dans le coffre le monsieur?". moi par contre vachement moins emballée de m'en retourner au grand hosto, même si paraît que le presque canon chirurgien m'y attends...
et encore moins emballée quand à mon arrivée on me colle dans un lit, on m'arrache mes fringues pour me refourguer une chemise avec vue plongeante sur mon Q et on me foire 4 fois de suite la pose de la perf. donc je hurle à l'assassin, au get happens, que moi j'étais venue voir en consult EXTERNE mon docteur presque canon (dont j'ai d'ailleurs toujours pas vu un cil) juste pour qu'il me tâte les bourrelets et qu'il me dise de rentrer chez moi et de lui lâcher la grappe.
mais non non non, on insiste que je suis hospitalisée pour 24 à 48 heures et on me laisse à mon triste sort les bras en sang, le bide on fire et les yeux en larmes.
heureusement je pleurais encore quand le preske canon a eu fini son plateau à la cantoche et a raboulé ses yeux bleus dans ma piaule pour me tâter les viscères. heureusement il a eu peur que je continue de les faire suer avec mes "j'veux rentrer à la maison voir mes bébé-é-é-és" et il m'a dit: "le bilan a pas l'air mauvais, si vous promettez de revenir au cas où ça empire, je vous laisse partir". il a ajouté "je crois que tout le monde a paniqué un peu vite, mais je comprends bien, vu que chat échaudé etc...".
me suis retenue de lui rouler une pelle et ai appelé mon ambulance privée qui se trouvait encore dans les locaux et m'a raccompagnée délicatement at home sweet home.
donc, en l'espace de 5 heures, juste histoire de tuer l'ennui, je me suis fait mon double retour à double case départ hosto et maison. perso, comme case, je préfère la maison...

bonus track : et pour ce qui est de l'ambulance privée, ben je sais pas si c'est pask'ils sont mieux payés/équipés ou quoi, mais niveau délicatesse pour le moment ils ont la palme... mais bon à la fois je mourais pas vraiment, là, ils avaient un bon handicap...

samedi 5 juillet 2008

Préambule... (que j'vous espike l'affaire)

Y m’arrive un truc de dingue. Enfin, il m’est arrivé un truc de fou : bon, déjà j’ai eu la joie, la fierté et l’honneur de mettre au monde un BB3 début juin ce qui m’avait valu 5 jours a la maternité histoire de me remettre de mes émotions et surtout de la douleur de la ponte sans filet et sans péridurale, ouille, quand même, ça déchire.
Mais a part ce nouveau petit croûton et les deux autres avant lui, rien de suffisamment grave ne m’étais arrive pour que je me retrouve a l’hosto. « Dans la famille, on est pas malade » c’est un peu notre devise et le fait est, on est pas souvent malades.
Sauf que là on dirait que d’un coup j’avais super envie de découvrir de l’intérieur le milieu hospitalier paske d’un coup d’un seul deux semaines jour pour jour après le déboulement de miette3, mon corps a décidé que c’était le moment de faire le club med de la bactérie à l’intérieur de moi, de m’en faire baver un poil et de bien faire flipper Chouchou et toute ma tribu...
Voici le récit totalement non objectif de cette grande aventure.
Attention, vous ne trouverez ici aucune vérité scientifique ni aucun fait qui ne soit déformé par mon approche forcément personnelle et émotive des choses (ben ouais, zut, quoi, c’est à moi qu’on a fait des trous dedans).
Enfin tout ça pour dire que si c’est pas votre tasse de thé je m’en excuse, mais bon, à la fois vous êtes complètement pas obligés de lire, après tout ! Allez, bon courage, et dites-vous que ça vous fera toujours moins de mal que ça m’en a fait a moi...

« Stooooone, the world is stoooone »

« J’ai l’appendice qui éclate,
J’voudrais seul’ment dormiiiiir,
M’étendre sur l’asphalte
Et me laisser mouriiiiiiiiir »
Ca a commence exactement comme Starmania, en fait ! bon alors je vois déjà les sourcils froncés et les haussements d’épaules de certains gens incrédules, mais n’empêche que je me souviens très très clairement d’avoir senti mon appendice éclater, a un moment donne. Ben si. Malgré tous les beaux discours des gars des urgences 24h plus tôt et leurs théories a deux balles que ça passerait avec du Doliprane, ya quand même eu un moment, juste avant que je perde connaissance, ou j’ai eu comme une lucidité cosmique qui m’a fait comprendre que la c’était grave, qu’on rigolait plus, que ça allait pas être juste une petite incision par célioscopie... Rigolez pas et me traitez pas de Paco Rabanne d’occas’, je vous jure que c’est vrai. Autant juste avant ou pendant ou juste après l’opération quand « vous nous avez fait très peur » comme a dit le chirurgien, j’ai été limite déçue de pas avoir eu droit au plan tunnel et lumière aveuglante au bout ni vu mes ancêtres qui me tendaient la main, autant là, avant que Chouchou appelle la cavalerie, j’ai « su ».
Surtout a cause de la douleur. Paske bon la veille quand on était allés aux urgences par nos propres moyens, j’avais déjà vraiment mal au bide. Et 15 jours poil pile après un accouchement sans péridurale, on relativise vachement bien ce que c’est que d’avoir mal au bide et on réveille pas 3 mouflets et un Chouchou pas du matin aux aurores sans petit dej' pour aller aux urgences si on une vague gastro.
Alors ouais, c’est ptet de ma faute si je supporte trop bien la douleur et que je leur ai dit 6 sur leur échelle de 1 a 10 et que du coup ils m’ont pas prise au sérieux la première fois genre « Encore une chochotte qui simule genre elle veut un mot pour sécher la gym... ».
Sauf que 24 heures plus tard, en vrai, j’étais à 18 sur leur échelle à la con et que même une aisselle de pompier qui doit planquer des rats morts dans ses poils de dessous de bras suffisait à peine à me garder consciente...Alors je veux bien que l’évaluation de la douleur soit une donnée subjective comme on doit leur apprendre en fuck de médecine, mais bon à la fois ce serait peut-être utile si les mecs ils te croyaient quand tu leur dis que la nan vraiment c’est plus possible achevez-moi. Merci.

La grande vadrouille

Faut se rendre a l’évidence, je crois que mes vacances sont un peu tombées dans la poubelle avec les déchets médicaux à risque infectieux... par contre, depuis les deux semaines que dure cette expérience de vie inédite pour moi, j’en ai vu, du pays !
En premier j’ai visité les urgences d’un petit centre hospitalier de ma cambrousse par l’entrée piétons. « Ce qui frappe au premier abord quand on franchit les frontières de cette terre encore vierge », comme dirait Nicolas Hulot entre deux expirations sonores, c’est que, justement, c’est vierge. Désertique. Ambiance Gobi en moins accueillant, quasi. Ya bien un comptoir mais ya personne derrière. Ya bien une porte vitrée avec un panneau pourri « URG N ES » au-dessus et un long couloir derrière, mais là non plus personne.
Alors comme quand même j’ai beau pas avoir été annoncée par un gyrophare ou une sirène je suis quand même un petit peu à l’agonie, je commence à me demander si je m’allonge plutôt sur le lino gerbique ou carrément sur le comptoir pour être sûre que les gars me trouvent quand ils auront fini leur pause café ou qu’on sera dans les heures de bureaux réglementaires (quelle idée aussi d’agoniser avant 8h30 un samedi !). Je finis par opter pour une position intermédiaire à savoir couchée du buste sur le comptoir et les pieds toujours par terre pour tenter de limiter le contact de ma tronche avec le lino gerbique.
C’est là qu’entre deux évanouissements je finis par voir un tout petit écriteau qui dit « en cas d’absence, sonnez ici ». Et effectivement dessous ya un bitoniau micronesique blanc sur fond blanc. Faites-moi penser à ajouter au livre d’or et au cahier à idées avant de partir qu’un buzzer king size et rouge serait quand même plus approprié, merci.
Donc j’appuie poliment une fois sur la sonnette. Rien. No bruit, no mouvement. Je finis par tenter en morse autodidacte de biper comme une forcenée histoire qu’ils comprennent que j’étais pas là pour leur vendre un aspirateur et que ce serait sympa qu’ils raboulent leurs fesses par ici avec un brancard rapido paske j’ai de plus en plus de mal à maintenir mon nez à distance respectable du lino gerbique.
Une pouffe en blanc finit par se pointer avec un air indigne en me balançant « Vous avez un problème ? »... Mini ola en l’honneur de moi et de ce grand moment de maîtrise karmique pour pas lui faire bouffer sa blouse ni rétorquer « Non, patate, tout va bien, je croyais juste que c’était la journée portes ouvertes et j’ai toujours rêve de visiter les urgences »...
J’ai donc fini par visiter une des salles des urgences. Rien de bien spectaculaire. Assez flippant même rapport a la déco... déjà paske les murs couverts de papier peint saumon floqué en relief je suis pas 100% sure que ça puisse se désinfecter suffisamment pour garantir une hygiène décente aux pauvres gens qu’ils sont censés pouvoir découper en tranches à coeur ouvert dans cette salle... et pis surtout paniquant paske une grande partie du papier peint en question est décoré de tout un tas d’affiches sur comment faire un massage cardiaque et un bouche-à-bouche, comment réagir en cas d’hémorragie massive, comment détecter un choc anaphylactique... du coup tu peux pas t’empêcher de te demander si t’as vraiment envie de presque crever entre les mains de docteurs qui ont besoin d’avoir leurs anti-sèches placardées partout pour savoir ce qu’ils doivent te faire... et d’ailleurs comme ma maladie a moi était visiblement marquée sur aucun des posters, ils m’ont gentiment renvoyée chez moi avec du Doliprane.
Pendant mes vacances médicales, j’ai aussi testé pour vous plein de moyens de transports. Parait que des fois quand on voyage, faut savoir apprécier le trajet autant que la destination... ben là pour le coup, c’est clair que j’ai bien profité, DES voyages.
Mon premier contact avec le transport d’urgence ça a été les pompiers du village. Alors certes ils doivent faire agriculteur la semaine, avoir des vaches super moins douillettes que moi et une dextérité digne du concours cantonal au parcours d’obstacles en tracteur, mais pour ce qui est de transporter mon pauvre petit moi agonisant alors là pardon mais ya du boulot. Quand ils se pointeront cette année pour fourguer leur calendrier, je ne donnerai ma pièce que sur preuve écrite que mon obole ira à la formation au transport de malade.
Paske déjà après avoir carrément marche sur mon lit avec leurs bottes pleines de bouse, ils ont failli me faire définitivement décéder de rire quand, après avoir constaté que j’étais qu’à demi consciente, incapable de parler ou de bouger un orteil, leur boss a quand même eu le courage de me dire « euh, l’escalier est pas large (il a failli ajouter « et vous oui » mais a dû craindre pour sa vie), vous êtes sûre que vous pouvez pas descendre à pied ? ». De la haute voltige niveau comique, quand même.
Ils ont d’ailleurs continué sur le même registre un moment, puisque une fois que le petit stagiaire a rapporté le brancard, ils en ont remis une couche en me demandant si je pourrais pas faire un effort et me déplacer dessus paske là vraiment ils savaient pas par où me prendre pour me soulever... et le clou du spectacle (cette partie de l’histoire m’a été racontée plus tard par Chouchou paske là moi j’étais complètement dans les vapes, entre morte de rire et morte tout court): une fois qu’ils m’avaient violemment fait rouler sur le brancard et qu’ils m’avaient bien sanglée, au moment de le gonfler pour le rigidifier, le stagiaire a juste explosé la pompe ! Après un florilège de jurons locaux avé’ l’accent, ils ont tenté de gonfler le truc avec la pompe à pied anti-crevaison du camion, puis avec la poire à ventilation d’oxygène, sans grand succès... Ils m’ont donc descendue dans un espèce de sac en plastoc pas gonflé donc ni rigide ni amortissant et j’ai bien senti les marches de mon escalier étroit quand ils m’ont cogné successivement les pieds, le dos puis la tête sur absolument chacune d’entre elles, ainsi que sur le mur, la rampe et l’encadrement de la porte... C’est à ce moment-là que j’ai repris connaissance (ce que je devais regretter par la suite) comme quoi des fois assommer quelqu’un ça peut aussi le réveiller.
Une fois délicatement balancé mon corps meurtri dans l’ambulance, ça a continué à être drôle. Une fois que chaque pompier, plus l’infirmière et le doc des urgences qui étaient arrivés entre-temps m’ont eu posé ma question préférée « z’avez mal ou ? », ils ont entrepris de me « conditionner pour le transport », à savoir me ficeler bien serré sur le brancard, en oubliant pas de bien bien retendre la sangle qui m’entaillait déjà le ventre. Et aussi me brancher au scope qui contrôlait ma tension, ma respiration et tout le tralala qui pèse ses 20kg bien tassés et qu’ils ont trouvé super pratique d’entreposer sur mon bide « euh, pardon, mais on a plus d’autre endroit ou le mettre » c’est excusé le stagiaire quand j’ai hurlé dans le dialecte local « putain con enculé » histoire d’être bien sûre qu’il comprenne que fallait ptet pas trop pousser Mémé quand même...
Malheureusement tout ça n’a pas suffi à me faire définitivement reperdre connaissance et j’ai pu bien profiter des 20 bornes de route de campagne et dos d’ânes de centre-villages pris à 180km/h par le chauffeur qui visiblement a des posters de Sébastien Loeb partout dans son salon. J’envisage d’ailleurs d’acheter un second calendrier l’an prochain pour financer l’achat d’amortisseurs pour le camion...
Une fois re-arrivée aux urgences, par l’entrée ambulance cette fois, ils ont entrepris de me brancarder toujours aussi délicatement jusqu’à une chambre. Alors, je pose la question aux autorités compétentes : quand on fait un appel d’offre avant de faire construire un hôpital, est-ce qu’on choisit un architecte qui a déjà eu une maladie quelconque et qui donc a déjà foutu les pieds une fois dans sa vie dans un hosto ? Pas la peine de vous défendre, mademoiselle C., la réponse est NON. Paske c’est juste pas possible qu’un gars qui a déjà été brancardé puisse ne serait-ce qu’avoir l’idée de construire un hosto avec autant de dénivelés, de micromarches, de sursauts et surtout de foutre au sol du lino gerbique coupé dans le mauvais sens qu’ils sont obligés de te coller un raccord barre de fer tous les deux mètres histoire de bien te secouer pour te rappeler où t’avais mal des fois que t’aurais subitement un trou de mémoire. Je suis sûre que quelque part si ils cherchent bien il doit y avoir un gars capable de pondre un bâtiment où les couloirs sont des surfaces planes, un ingénieur capable de concevoir des roulettes de brancard qui se bloquent pas intempestivement, et je suis quasiment sure que brancardier c’est un métier mais ils doivent s’entraîner qu’avec des mannequins factices ou des cadavres qui peuvent pas se plaindre...
Il y a eu par la suite un paquet de steeple-chase du genre dans les couloirs des divers hôpitaux et services visités, en brancard, en fauteuil, en lit... (Apparemment il y a des différences invisibles mais primordiales entre un lit des urgences, un lit de gynéco, un lit de chir. viscérale et ainsi de suite, ce qui rajoute donc à tout ce fun la joie immense de devoir être propulsée de l’un à l’autre entre deux parcours de saut d’obstacles)
Après avoir donc visité et testé les lits et couloirs des services des urgences, de maternité, de gynécologie et de soins intensifs de mon petit hôpital de proximité, tous les docteurs présents (c’est à dire qui n’avaient pas de repas de famille ou tournoi de golf ce jour-là – un dimanche – ou de champ à moissonner d’urgence) ont décide d’un commun accord qu’ils ne pouvaient rien pour moi, que visiblement j’agonisait sans aucune raison, et qu’il vaudrait mieux pour tout le monde qu’on me transfère au grand hôpital de la grande ville pour me faire un scanner histoire qu’ils puissent rentrer chez eux avant que Mémé ait fini tout le reste de coq au vin.
Donc re-ambulance. Dans un éclair de lucidité j’ai supplié en me mettant virtuellement à genoux qu’on me shoote avant le transport paske la vraiment la perspective de me retrouver encore bringuebalée comme un sac à patates par un pilote de F1 refoulé me paraissait quasiment pire que ce qui m’attendait si on ne trouvait pas rapidement pourquoi je mourrais. Bien sûr dans sa grande bonté l’anesthésiste de garde a refusé de m’assommer de morphine... mais je dois avouer ici que malgré la loyauté que je devrais aux pompiers par respect pour la carrière paternelle, franchement, le gars du Samu, c’était juste rien a voir. Déjà lui il avait dû y aller, aux cours de brancardage, pask’il a trouvé un moyen pour me mettre sur le brancard ET me rouler dans le couloir sans que j’aie à le supplier de m’achever. Et en plus il m’a dit avant de démarrer « vous inquiétez pas, on va y aller tout doux » et avant même que j’ai eu le temps de lui dire que désolée je croyais plus au père noël depuis environ 25 ans, il l’a FAIT. La route était tout aussi pourave que celle qu’on avait pris avec Shummy le pompier, sauf qu’il s’avéré qu'en faisant un poil gaffe c’était possible que j’aie envie de survivre jusqu’à l’arrivée a l’hosto. Je suis donc obligée de renier après 30 ans de bons et loyaux éloges tous les pin-pons rouge et de reconnaître qu’on était dures quand on se moquait des ambulances blanches et bleues en disant qu’elles faisaient « crève-en-route » comme musique.
La vérité étant rétablie sur ce point, poursuivons le périple ulysséen...
Arrivée au grand hôpital de la grande ville, j’ai failli arrêter d’aimer le Samu-man quand il a commence à tailler le bout de gras avec son collègue qui l’attendait pour la relève sur le thème « ah meeerde, c’est le nouveau B-23-E dans celle-là, tu sais comment on le sort, le brancard ? » et que donc ils se sont mis à le secouer, le cliquer, le décliquer, l’incliner dans tous les sens alors que j’étais toujours vissée dessus à jeun de morphine... Après au bas mot 15 minutes de manips acrobatiques et douloureuses, de roues bloquées, d’effondrements imprévus paske les pieds se bloquaient pas, ils on fini par réussir à me mener aux urgences.
Rassurée, déjà, j’ai constaté que les murs de la salle étaient stérilisables au karsher, qu’il n’y avait pas de pense-bête sur « comment ne pas laisser crever son patient sans rien faire » au mur, et que dans les 5 minutes j’avais un médecin urgentiste, un radiologue, un gynéco et un chirurgien tous appuyés sur mon bide pour donner leur avis.
J’ai ensuite visite la scanner room, ambiance navette spatiale très rassurante de technologie de pointe. Encore 3 ou 4 docs différents sont venus m’enfoncer leurs mains dans l’abdomen agonisant et ils ont tous fini par une réunion informelle avec au programme visionnage commenté de l’intérieur de moi sur les images du scanner. Apparemment ils ont trouvé tout ça juste subliiime, le chirurgien avait l’air tellement emballé quand il m’a dit « je vais devoir vous ouvrir, et ça va pas être un petit trou » que presque j’ai pas paniqué. Il a dit qu’il avait rien vu d’aussi massif comme pourriture intérieure généralisée depuis un moment et ça avait l’air de le mettre en joie de se taper enfin une opération un poil intéressante avec une once de défi professionnel que limite je me suis réjouie pour lui.
A ce stade tfassons, j’étais d’accord pour qu’on me coupe ce qu’on voulait inclus la tête tellement ça faisait quand même 48h que j’en chiais ma race de douleur et que personne voulait me donner de morphine à haute dose ni admettre que j’étais pas qu’une hypocondriaque constipée super douillette.
De là après m’avoir un peu abandonnée à mon sort pendant quand même 1h sur mon brancard des urgences (le chir. devait être en train appeler ses potes de promo pour frimer qu’il allait se faire une teuf de folie au bloc) on m’a roulée en salle d’op’ pour m’endormir et là tout s’est passé très vite : en trente secondes j’étais à poil, charlottée, ballonnée et crucifiée sur la table (oui, j’avais jamais vu ça dans Urgences mais ici on opère les bras en croix) et l’anesthésiste se penchait sur moi pour me dire « Je vous préviens, comme ça à l’air moche et qu’on sait pas combien de temps ça va durer ni à combien ils vont s’y mettre, moi je vous endors pour 24h comme ça on est parés ».
15 secondes après je me réveillais en réa avec un pieu dans la gorge qui essayait de m’étouffer alors qu’ils osent appeler ça un respirateur ! J’étais shootée comme un âne à la morphine, j’avais plus mal nulle part, j’étais love de tout le monde et comme j’avais des tuyaux de partout et interdiction de bouger, je pouvais même pas regarder l’ampleur des dégâts cicatriciels. Le bonheur !
Donc finalement je persiste et signe : dans le voyage médical, le mieux c’est vraiment pas le trajet, c’est la destination !

80 cm sans escale

Il y a 80 cm entre mon lit et la “table de nuit”. Bon, a visto de naz, hein, paske même si je suis pas débordée et que les journées sont longues, j’ai pas non plus assez de morphine pour faire face au mal de crâne que causerait l’exhumation de lointains cosinus et pythagorismes qui pourraient me permettre de rectifier la distance au plus juste en fonction de l’angle du lit rapport à la fenêtre, de l’inclinaison du dossier qui fait illusion d’optique et de l’âge du capitaine, genre.
Pis bon, on peut dire que mes proportions nasales conséquentes donnent un certain degrés de d’exactitude à toute évaluation effectuée au pifomètre... ben ouais, si on vous demandait, à vous, de jouer votre vie sur un “pif guess”, vous appelleriez qui comme ami: Meg-Ryan-micro-naso-en-trompette ou Cyrano-c’est-une-peninsule? C’est bien ce qui me semblait aussi...
Tout ça pour dire que bref, ya 80 cm entre mon plume et la table. Et donc, admettons que je veuille genre faire une folie totale et absolue comme par exemple goûter la bouteille d’eau qui bulle au lieu de la javel en carafe que j’ai a portée de main, je devrais donc franchir ces 80 bornes, euh, centimètres. Donc pour l’eau pétillante qui met de la joie dans ton palet tu peux te brosser Martine. Ah mais ouais mais paske attendez, la Pacifique à la rame, la Sibérie en trottinette ou l’orbite lunaire en ULM à côté, c’est fingers in the noze!
Si si on parle bien de 80 cm, c’est pas en pieds, en pouces, en acres ou en anciens francs, Mémé, non, 80 cm comme la taille d’un mouflet d’un an, comme 4 feuilles A4 en portrait, comme à peine plus qu’un pied de table (allez-y, mesurez, un pied de table ça fait grosso merdo 70-75 en standard... alors? J’vous en bouche un coin, hein?). Donc ouais, 80 bornes, euh, centimètres, pour moi, là, c’est juste micheun immpossibeule... dommage, hein.
J’ai pourtant bien envisagé quelques tentatives des contorsions possibles pour franchir le Channel par les airs, mais ça me semble risqué si je veux pas m’arracher quelques points/drains/muscles et/ou finir face contre le lino que déjà à altitude raisonnable il donne envie de gerber...
Et donc comme le ventilo (à peu près l’équivalent dans ma situation actuelle et par cette météo du saint graal option pokémon platine méga warrior pour les mécréants (oh, tout de suite les grands mots!)) donc comme le ventilo se trouve justement sur the tabeule in qwestieune, ben je peux juste pas le toucher. J’ai bien tenté aussi la manoeuvre périlleuse de l’atteindre en me servant du pied à perf comme d’une canne a pêche, mais moisi la tronche de l’infirmière de garde quand elle m’a surprise... pis tfassons, le pied à perf, c’est trop nul en motricité fine.
Totale et résultat des courses me v'là réduite à sonner cette pauvre infirmière de garde à chaque fois que j’ai trop chaud, trop froid, trop de courants d’air... alors que la pauvre blouse blanche doit avoir des trucs grave plus importantes à faire genre des vies à sauver ou des pelles à rouler à George Clooney dans le couloirs, ou des mémés a torcher rapidos. Nan mais moi j’ai essayé de trouver des solutions, avouez, j’y ai mis du mien pour tenter d’alléger sa charge de travail, de laisser priorité aux vraies urgences, de faciliter la laïfe de l’administrateur de garde qui doit là de suite se creuser les méninges pour trouver comment faire tourner son hosto cette nuit alors que les trois quarts de ses infs sont malades, en lune de miel ou on juste eu envie d’oublier de se lever pour venir se faire insulter par des mémés gâteuses, tripoter par des pépés séniles... ou emmerder par la top model de la 259 qui a la sueur qui perle (ça c’est forcement moi vu que je tripote pas et que j’insulte pas non plus, j’ai pas été élevée cher les charretiers, putain de bordel de merde).
Donc voilà, là, j’ai chaud, faudrait mettre le ventilo sur 2 (non, pas 3, ça fait trop de bruit ça m’empêche de dormir), voir le dévier d’un poil on the left pour éviter le courant d’air sur mon épaule qui souffre (non, plus à droite, non un peu plus à gauche, non, avant c’était mieux...). Et donc je vais être contrainte forcée de bip-biper la sonnette, là, dessuite, sous vos yeux ébahis. Si. Ben si. Ben si. Si je vous dis!
Voilà c’est fait... chiche que je chronomètre combien de temps elle met pour venir (surtout qu’elle est à cheval sur 3 services ce soir, ça va être chaud)? Chiche que je compte combien de fois elle soupire pendant que je lui fais régler le ventilo au micromètre? Attention, tout ça sans aucune méchanceté pour elle mais à des fins scientifiques uniquement... oui, je mets tout ça dans des tableaux Excel et après je fais des PowerPoint de stats avec des camemberts en couleurs pour soutenir la cause des infirmières syndiquées qui réclament une revalorisation de leur travail et des embauches d’aides soignantes supplémentaires... Ah ben ouais, les journées sont looooongues, ici!

Dans le petit bassin

Attention, notre bloug vous informe que le sujet abordé et les propos développés dans ce post pourraient choquer une partie de notre lectorat, surtout les plus de 4 ans ayant fini leur phase pipi-caca. Nous demandons donc aux lecteurs pudiques et mal à l’aise a l’évocation de déjections humaines de bien vouloir détourner le regard de l’écran maintenant.
Vous pourrez pas dire que vous avez pas été prévenus !


Ce qui est génial quand on a été éventrée dans toute la longueur, c’est qu’on peut oublier définitivement ses abdos. Alors bon, c’est pas que j’ai jamais eu des tablettes de chocolat abdominales (enfin DANS le ventre, oui, DESSUS, jamais) ni même que j’aie été un jour l’heureuse détentrice d’une quelconque tonicité musculaire à ce niveau là (ni a aucun autre d’ailleurs) mais bon quand même je devais bien avoir quelques muscles discrètement planqués sous mes poignées d’amour vu que je me souviens très clairement avoir été capable de passer de la position couchée à la position assise sans l’aide d’un treuil industriel.
Sauf que la après un bébé ya 2 semaines pour l’élongation desdits muscles plus un chirurgien excité du scalpel pour le tronçonnage et le montage d’une jolie fermeture éclair de 50cm, ben même le peu qu’y avait, ya pu.
Comme en plus ya quand même la douleur qui déchire sa race, des doses conséquentes de drogues diverses et variées et un ramollissement plus que certain du mollet après des jours d’horizontalité, quand bien même ils auraient sous la main une grue apte à me mettre sur mes pattes, l’épopée d’un déplacement jusqu’aux toilettes n’est tout simplement pas une option.
Et comme ma sonde urinaire a été extraite ce matin paske le doc avait peur que ce soit sa faute si j’ai 40 de fièvre, comme il est maintenant le soir et qu’on m’injecte des litres et des litres par voie intraveineuse, va falloir viteuf trouver une solution paske là ma vessie est sur le point de provoquer un tsunami qui va décimer tout l’étage.
(Ah, j’avais prévenu que le sujet était cradologique et ça va continuer... l’est toujours pas trop tard pour vous en aller !)
Donc comment on fait dans ces cas là quand on est clouée au lit avec une envie pressante et aucun moyen de se lever ? Ben on bip quelqu’un au secours pour qu’il trouve une solution. Sauf que l’infirmière, sa solution miracle à elle, c’est de dégainer son arme secrète : le bassin. Alors pour les gens qui seraient vierges de toute expérience hospitalière, un bassin c’est comme un croisement entre un pot de chambre et une poêle a frire, on se le fait glisser sous le derrière, on fait sa petite affaire dedans et le tour est joué. Super pratique, surtout qu’y a une poignée pour une mise en place facile un petit retour de plastique pour éviter que tout se renverse à l’extraction. Nan, bien pensé, le truc, j’admets, je m’incline, même. Je me demande d’ailleurs qui a inventé ce truc et si il a eu le courage d’assumer au point de faire graver sur sa tombe « Ernest Trucmuche, fier inventeur du bassin à pipi d’hôpital »... fin bref.
Super pratique, donc, en théorie seulement paske en pratique ya juste un truc auquel Ernest Trucmuche avait pas du tout pensé : l'être humain adulte n'est pas du tout conçu pour faire pipi couché. En tous cas pas maintenant et pas pour moi. J’ai beau en avoir besoin de chez ça uuuurge, impossible de m’exécuter.
J’ai tout essaye : visualiser la mer, les vagues, le delta du Rhône et l’embouchure la Garonne. Mettre en péril les ressources aquifères sur plusieurs générations en laissant couler l’eau au lavabo. Tenter de me reconnecter à mes instincts primaires et aux premiers jours de ma vie (en temps que mère de 3 mouflets je ne peux que me rendre a l’évidence scientifiquement vécue à maintes reprises : il est physiologiquement possible a un être humain miniature de faire pipi a n’importe quel moment et dans n’importe quelle position... j’ai des vêtements, des parquets et même des papiers peints qui peuvent témoigner pour appuyer ma thèse).Mais nan, rien n’y a fait. Sorry Ernest, ton petit bassin c’est pas pour moi. Pour moi c’est WC gros bol en porcelaine ou on s’assied dessus, point barre. Ou en l’occurrence sondage évacuateur (en français vernaculaire ça veut dire que l’infirmière te fait faire pipi contre ton gré mit un petit tuyau bien placé)... ya des stagiaires en soins infirmiers qui vont être super contents de m’avoir comme cobaye !

J’ai pas de veine

Qui dit encore ça comme expression? A part ma grand-tante de 93 ans, j’entends? Ben moi, apparemment. Mais, bon, sans vouloir me la péter khâgneuse-ex-presque-normalienne, disons que la valeur sémantique de l’expression diffère quelque peu vers une tournure nettement moins figurée et dans mon cas carrément 100% littérale. Je traduis pour les malheureux qui auraient fait maths sup. au lieu de lettres sup., ou pire, qui n’auraient pas fait de prépa du tout (nan, en vrai, ça existe ça? Si oui faudra que quelqu’un prenne un jour trente secondes pour expliquer ça à ma mère paske à l’époque de mes tendres 18 printemps j’ai tout gobe quand on m’a dit que juste c’était pas possible de pas faire de prépa, en fait).
Donc, disais-je, en français vernaculaire dans le texte, quand ma grand tante de 93 piges dit “j’ai pas de veine”, elle veut dire qu’elle a grave les boules que ses collants à varices soient plus en promo à 2 paires pour le prix d’une chez le pharmacien. Ceci, gens illettresuppés, est un sens figuré. Rien à voir donc avec sa circulation sanguine (encore que les khâgneux apprécieront la métaphore filée rapport aux collants à varices, private joke ;-))). Par contre, quand moi perso je titre ce post “j’ai pas de veine”, je parle au sens littéral, du concret, quoi, et je veux dire que des veines (les tuyaux dans ton corps avec le sang dedans) j’en ai pas.
Enfin, PLUS, paske j’en avais, AVANT. A la naissance, forcément, in utero aussi, pendant toute ma jeunesse et ma petite enfance... pendant 30 ans je me suis baladée comme ça, avec des veines de partout, sans y penser, sans y faire attention, inconsciente de la chance que j’avais. Pauvre de moi! Folie de la jeunesse, tendre insouciance de “l’avant”...
Maintenant, “après”, après les IV et les perfs, les prélèvements et les prises de sang, les hémocultures et les gazométries, les dextros et autres saignées en tous genres, A’PU. Nada. Niente. Que dalle. Désert total. J’ai pas de veine. Doit bien y en avoir une ou deux planquées quequ’ part mais on les a pas trouvées...
Tu penses, elles ont du voir ce qui est arrivé à leur copines et elles on fait leurs valoches viteuf pour se planquer derriere un amas graisseux, une couche adipeuse, un organe quelconque ou, pour les plus chanceuses ou les plus pistonnees, carrement derriere un os. Nan paske faut voir ce qu’on leur a fait subir aussi, aux copines. Au bout d’un moment tu peux pas non plus leur en vouloir de tenter de sauver leur peau! Forcément quand tu vois toute ta famille décime par les veinites inflammatoires, les scléroses de surmenage et autres explosions pures et simples, tu fais tout ce que tu peux pour pas te faire choper.
Et c’est a partir de ce moment la qu’on attaque le combat de catch entre l’infirmier surmotivé/surentraîné/surarmé et la veine dopée a l’instinct de survie. Et en vrai si tout ça se passait pas à grands coups d’aiguilles dans mes bras ou de cathéter dans mes mains, j’vous jure que je trouverais ça super marrant.
Le but du gars en blouse blanche (ou de la fille, mais le gars étant souvent plus machistement persévérant c’est plus mieux pour le spectacle), c’est donc de catcher the veine (euh, ouais, je fais de mon mieux pour que vous crouliez pas sous le complexe d’infériorité mais bon à la fois j’y peux rien si j’arrive à vous caser dans une seule phrase une figure de style littéraire et une preuve indubitable de bilinguisme flagrant).
Le but de la veine, elle, c’est de pas se faire pécho paske si l’aiguille la choppe elle sait qu’elle peut de suite liquider sa convention obsèques.
Et donc le gars en blouse blanche pique (oui, d’abord il commence par être zen et sûr de lui et balance de façon civilisée “inspirez bien fort et détendez-vous, je piiiique” que quasi tu te dis “même pas mal”). Ensuite la veine fait un bon de côté pour sauver ses miches ou s’enterre sous la peau comme tourteau in the sand, et là, sursaut de testostérone du couillu en blouse blanche qui en a vu d’autre et qui va pas se laisser faire comme ça: il y va franco, il pique plus loin, plus fort, plus dur, et vas-y que j’te gigote l’aiguille, que j’te la vrille dans le bras en faisant carrément des moulinets avec pour pas s’avouer vaincu et embrocher l’adversaire redoutable. Du coup il en oublie de pas te faire mal, et même des fois si la veine récalcitre trop (quoi c’est pas un verbe? Z’avez fait hypokhâgne ou quoi?) il devient franchement vulgaire, le mec. Aucun respect pour l’instinct de survie de mes chtites veines a moi qui me restent et que j’aimerais bien qu’on y lâche la grappe...
Ma préférée c’est celle à l’intérieur de mon avant-bras. Elle est juste subliiiiime paske elle est énooorme, on la voit bien, on la palpe bien, on la voit qui pulse sous le garrot, et elle nargue le mec en blouse qui peut pas s’empêcher de dire “oh qu’elle est belle celle-là! Celle-là on va l’avoir vous verrez ça va être trop facile!”. Et moi je me bidonne intérieurement à en pleurer (enfin, j’en pleure aussi un poil de douleur quand il s’acharne à me forer un puits a pétrole genre Dallas dans la bras). Paske ma super veine subliiiime de l’intérieur de mon avant-bras PERSONNE a jamais pu la choper. PERSONNE. Et pourtant yen a un paquet qui on tenté le coup et qui en ont bouffé leur blouse blanche!

Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour ma pomme

Dimanche 29 juin 2008, 6h14 (ben ouais du matin sinon j’aurais mis 18h14, patate)... telle que vous ne me voyez pas (et je vous jure c’est tant mieux) je viens carrément de M A R C H E R de mon lit a la salle de bain. Oui oui, aller ET retour. Tout à pied, sans escale, sans qu’on me porte et sans m’imprimer le lino gerbi que sur la tronche à aucun moment. Et même que même dans la salle de bains je me suis lavé les mains en les frottant les deux en même temps sous l’eau. Ce qui veut dire, puisque si yen a qui suivent un minimum ils auront capté que nan ben nan je peux pas prendre appui avec mon bidon sur le lavabo, ce qui vaut dire disais-je donc que pendant au moins 15 secondes le temps de me savonner-rincer les mimines, j’étais debout comme qui dirait au milieu du désert, fièrement plantée sur mes jambes même presque pas flageolantes, sans rien ni personne pour me tenir, comme ça, comme si c’était tout naturel et que j’avais fait ça toute ma vie! Et après comme je suis pas du genre à faire ma crâneuse ou quoi que ce soit je suis tout tranquillement retournée dans mon lit, sans moufter, no comment à la presse, no comment à l’infirmière qui me sert de garde du corps quand je tente des expéditions héroïques comme ça, ma fidèle potence à perf derrière moi tel Milou suivant Tintin et son fidèle sherpa après avoir fait sa fête au grand méchant yeti. Fastoche. Quand tu veux je te le refais. Sans trucage, sans effets spéciaux. Le monde m’appartient.
Bon, euh, là je vais faire une chtibe sieste d’une paire d’heures histoire de récupérer et après promis juré j’y retourne.

Thé ou café?

Enfin non, mon ex-conscience professionnelle journalistique me force à rectifier dessuite : la question exacte était « comme boisson de confort, vous prendrez quoi ? ». Semblerait qu’en jargon hospitalier on appelle une tasse avec une truc chaud dedans une boisson de confort.
M’en fous, tfassons, ils pourraient bien appeler ça comme ils veulent ça ne change rien à la question : une personne en blouse blanche (mes yeux embués d’émotion ne distinguent même plus la couleur du passepoil permettant une identification plus poussée de la catégorie aide-soignante, infirmière, cantinière ou autre), une dame en blanc donc, tel un ange venu tout droit du paradis, vient de me proposer a MOI une boisson chaude.
Apres 10 interminables jours sans avoir le droit de manger ni boire quoi que ce soit à part les paroles pas toujours réconfortantes du chirurgien/orthopédiste/anesthésiste/pneumologue et un cocktail élaboré et moyennement gustatif de diverses infusions par voie IV et autres perfs, on m’offre une boisson chaude, et en plus j’ai le choix ! Remarquez, au point ou j’en suis, un verre d’eau de vaisselle vaguement tiède déjà ce serait la teuf à la maison, mais là « thé ou café » je danse la danse de l’extase a l’intérieur de moi.
Cette année, donc, Noël tombe un lundi 30 juin à 7h13... alors, bon, s’agit de pas se louper, hein, parce qu’après pareille traversée du désert de la soif et de la faim, je voudrais pas gâcher tout ce bonheur intense en me gourant de commande. Thé, of course. Nan mais attends les gens, on sait jamais, sous le coup de l’émotion submergeante ma langue aurait pu fourcher et balancer « un café, merci ». Encore qu’un bon café au lait... Non non, je dois faire honneur à mon nom et en tant que sujet par alliance de sa Majesté Babeth 2, la seule alternative décente était un bon vieil english breakfast tea. Sauf que la chose dans le sachet c’est encore pire que du Lipton Yellow, mais on s’en tape, c’est chaud, c’est du thé et c’est pour MOI !
Je résiste à l’envie furieuse de réclamer un nuage de lait (milles excuses pour l’affront à la couronne, honni soit qui mal y pense et tout le toutim) paske ici ce qu’ils appellent du lait c’est une poudre qui doit servir aussi à décaper les bassins à pipi et comme placebo à la place de l’Efferalgan, et qui fait des grumeaux immondes dans le thé. Donc mini ola en l’honneur de moi, même dans un moment aussi grandiose je suis arrivée à contrôler mes ardeurs.
Me voilà donc avec un chti plateau rose layette coordonné au papier peint rose saumon et au lino gerbique couleur pêche (Her Majesty trouverait se camaïeu tout a fait lovely d’ailleurs, si ce n’est que les rideaux fleuris font cruellement défaut), et sur mon chti plateau trône une tasse de « thé » fumante ET merveille suprême DEUX SUCRES.
Ouh la la re-dilemme : j’y jette les deux sucres in the cup of tea ou pas ? Mon coeur balance paske d’un côté rien dans le coco depuis 10 jours, je suis sûre que ya une paire d’organes, cellules et autres fluides qui sauraient bien quoi en faire de ce sugar, à la fois rien dans le coco depuis 10 jours est-ce que je risque pas un truc super violent genre choc anaphylactique ou une hyperglycémie fatale à me jeter direct 2 sucres dans le gosier ? Mmmh, difficile de trancher... bon, je me remémore rapidos tous les épisodes d’Urgences et de Grey’s Anatomy que j’ai pu voir et j’ai pas de souvenir de décès violent suite à un thé trop sucré. Check. Je jette un oeil à mes guirlandes de perfs et je vois qu’il y en a un paquet qui me goutte-à-gouttent du glucose qui s’appelle G5, je me dis que donc mathématiquement 2 sucres ça doit être genre 2G et que donc ça limite les risques de mort subite. Check. Et pis surtout je me dis que caca chien moi le thé je l’aime super sucré. Check. Et enfin peste soit et feuille de cerise, ça fait 10 jours que j’ai rien avalé donc doigt, c’est pas deux sucres qui vont me compromettre mon été en bikini (j’ai déjà une balafre de 50 cm en plein milieu du bide qui est là rien que pour ça). Last check. Donc GO pour les deux sucres.
On touille, on laisse infuser. On re-touille, on essore le sachet. On re-re-touille, on laisse tiédir un peu. On re-re-re-touille, on sort la cuiller, on la lèche... miaaaaaammmm ! ! !
Comme quoi le bonheur s’écrit avec un T, des fois !

Cuisson vapeur

Fait chaud... vous me direz « ben ouais, patate, on est fin juin ». Alors déjà les gens on arrête tout de suite de m’appeler patate paske sinon c’est moi qui y en colle une dans le pif, de patate. Et en plus je vous f’rais dire que pas plus tard que ya deux semaines on était mi-juin et pourtant on se caillait tellement les miches que j’ai du défaire les cartons pour exhumer les turbulettes en polaire des mouflets et qu’en regardant par la fenêtre et en sortant le nez dehors on aurait plutôt misé sur la Toussaints que sur Midsommar et les feux de la saint Jean. Mais bon.
Donc, comme je disais, fait chaud. Bon alors on va pas jeter la pierre (on va plutôt jeter tout le seau) aux andouilles d’architectes des années 60-70 qui ont trouvé que ça ferait tellement super moderne hyper design de construire TOUS les hôpitaux du monde en structure métallique maronnasse et verre assorti sans se demander trente secondes comment tu fais pour survivre tes pauvres malades qui cuisent à l’intérieur de ce qui, désolée d’enfoncer le clou, ressemble a s’y méprendre au four que ma mère a eu comme cadeau de mariage ah ben tiens, justement, in the 70’s. On reconnaît bien le courant artistique, et du coup la fonction pyrolyse marche a peu près aussi bien dans les deux cas : increvable, le four de ma mère te cuit une tarte aux pommes plus vite que la foudre, inévitable, l’hosto 70’s te crame un malade sur les deux faces des que le soleil a le malheur d’effleurer une vitre. Et des vitres, yen a partout. Et en plus comme a dit le brancardier qui m’a litée dans ma chambre (ouais, litée, conduite en lit, quoi) : « z’avez de la chance, votre chambre est super claire et lumineuse, de l’autre côté du couloir c’est pas du tout pareil ». Ben ouais, de l’autre côté du couloir ils ont un auvent qui certes assombrit un peu la vue splendide sur le centre historique de la ville, les pauvres biquets, alors que moi et mon Q bordé de nouilles rien ne nous protége de l’exposition plein sud et du panorama imprenable sur le parking du Samu et l’espace fumeur du personnel. Nan vraiment j’ai tiré le gros lot, là.
Donc fait chaud.
Mais par contre soyons objectif et ne voyons pas tout en noir, ya la clim dans le couloir. Donc si t’es pas gêné par l’idée que TOUS les infirmiers, médecins, brancardiers, visiteurs et familles qui passent matent comme t’es canon avec ta chemise qui te laisse le derrière au vent et ta coupe tendance spaghettis à l’huile d’olive, tu peux tenter d’entrouvrir la porte pour prendre une bouffée d’air.
Rendons aussi a César ce qui lui appartient, yavait un ventilo bien sagement planqué dans mon placard qui est vite devenu mon meilleur ami, et doigt à ceux qui disent que ça devrait être interdit dans les hostos paske ça fait voler tous les miasmes.
Mais quand même, fait chaud.
Et pourtant j’ai 40 de fièvre donc l’air ambiant devrait me paraître plus supportable qu’aux pauvres bougres qui sont là à se liquéfier dans leur 37...
Mais n’empêche, fait chaud.
Et pis au cas ou tu réussis à rester assis sans bouger pendant suffisamment longtemps, à entrouvrir ta chemise-cul-nu de façon assez indécente (ne pas oublier dans ce cas de mettre la porte option clim en position fermée), à orienter farpaitement le ventilo, à ajuster au poil son oscillation, à régler sa vitesse de rotation pour atteindre la perfection niveau rafraîchissement que carrément tu te dis que finalement la canicule t’épargnera peut-être, ben les rares fois où t’arrives à faire tout ça, tu peux parier ton confort éphémère qu’ya une infirmière qui va rentrer et qui va dire « qu’est-ce qui fait chaud dans votre chambre ! ». Rien que l’effort de lui dire que non merci moi la ça allait je trouvait que c’était plutôt supportable, déjà t’es en sueur. En plus l’inf est toujours flanquée d’une aide soignante ou d’une étudiante donc double effet kiss pas cool de chaleur humaine = température ambiante + 10 degrés. Re-sueur. Et je finis par atteindre mon point d’ébullition quand pour couronner le tout les deux blanchettes commencent à donner leur avis sur le moyen de réduire cette chaleur paske vraiment c’est la chambre la plus caniculaire de l’étage et que du coup elles font comme si je leur avais dit de faire comme chez elles et me déplacent mon ventilo, ouvrent ou ferment la fenêtre, montent ou baissent le volet, puis se barrent le sourire du devoir accompli aux lèvres en balançant « laaaa, vous serez beaucoup mieux comme ça ».
Elles le savent en plus les chiennes que je peux pas sauter de mon lit avec ma potence à perf en laisse et risquer l’éventration cicatricielle a tout remettre comme avant !
Je suis donc obligée d’attendre la prochaine visite et de perdre une heure de conversation amicale et détendante à faire faire des ajustements au poil de cul du ventilo, du volet et de la fenêtre aux pauvres rares amis qui viennent me voir dans mon four.
Enfin si ils me trouvent encore là et que je suis pas plus qu’une flaque imbibée dans mon matelas anti-escarres.
Nan, franchement, fait chaud.

Dans de beaux draps

Cette nuit, d’un coup, sans crier gare, j’ai eu froid. Je ne m’explique toujours pas comment une telle aberration physiologique a pu se produire vu la température caniculaire de la piaule, ma fièvre qu’avait encore monté, et les 28 oreillers que j’avais du me caller dans tous les recoins pour trouver enfin une position suffisamment confortable pour réussir à fermer l’oeil. Mais après tout on s’en bat l’oeil de comment c’est arrive, le fait est qu’à trois heures du mat je me suis trouvée réveillée par mes propres grelottements.
Qu’à cela ne tienne, me dis-je, je vais étendre un doigt de pied et tirer à moi le couvre-lit que la dame a laissé comme d’habitude plie au carré au pied de mon plume. Faut dire que je dois avoir de très proches ancêtres chimpanzés parce que suis over douée en motricité fine du pied et en pince opposable des orteils. Comme en plus je suis super souple de la cuisse et du mollet quasi j’arriverais à faire mon lit en étant dedans et sans les mains. Houdini, genre.
Donc j’étends un doigt de pied prudent vers le pied du lit pour sonder la présence du couvre-lit (oui, prudent, parce que vu le temps que ça m’avait pris pour m’installer dans la position du dodo, je suis à peu près sure que si gigote trop je peux dire adieu au reste de ma nuit). Et là, horreur, malheur et damnation : RIEN. La nouille qui me rebat tout le temps les oreilles que j’ai la pire fournaise de tout l’étage a décidé de son propre chef que j’avais vraiment pas besoin de couvre-lit et a du se barrer avec pour y tailler des rideaux assortis au papier peint effet brossé saumon de son salon... ok, restons zen continuons l’exploration oreteillesque à la recherche du drap du dessus. NIENTE non plus. Ah ouais donc la grognasse carrément elle pense que même si j’ai envie d’avoir froid, j’ai juste pas le droit. Ce serait pas une violation de mes plus élémentaires droits de patient, ça ? Attends un peu que je me refasse des jambes et que j’y check c’t’affaire sur la « charte du patient hospitalise » pompeusement placardée in the couloir mit clim.
Bon, brainstorming avec moi même : il est 3h de mat, je me pèle les miches, je fais quoi ? Je vais pas sonner l’inf de garde de nuit pour qu’elle me porte une couette paske elle va me dire que c’est la canicule dans ma piaule, que j’ai du rêver que c’est juste pas possible que j’aie froid et que maintenant je lui lâche la grappe et je dors paske elle a des patients a s’occuper qui eux ont des maladies pas virtuelles. Ou alors elle va tout de suite faire rappliquer l’interne d’astreinte aux urgences pour lui dire que je dois être à l’agonie vue que visiblement il fait 60 dans ma chambre et que je dis que j’ai froid. Si j’avais ne serait-ce qu’un infime espoir que l’interne en question soit George Clooney himself, je vous cache pas que j’aurais envisagé de tenter le coup. Mais je crois avoir fait le tour des docs du CH et le moins moche c’est encore mon chirurgien qui là est en week-end, donc nan.
Totale, je suis all by myself avec mes frissons et faut bien que je trouve une solution.
Et la, éclair de génie (faut bien qu’une fois de temps en temps ça serve à un truc d’avoir un QI de 152) je me rappelle que mon escort boy qui m’avait fauteuillée à la radio avait galamment étalé un chti drap sur mon fauteuil pour que j’ai pas les fesses qui collent au plastiskai par la béance de ma chemise ouverte. Victoire, la salvation est proche, suffit de choper le drap qu’est sur le fauteuil et de me le houdiner à la force du doigt de pied sur le lit et je pourrais douillettement finir ma nuit. Hourra, ouais, youpi, ok, sauf que le fauteuil il est a au moins 1 mètre du pied du lit...
30 bonnes minutes d’élaboration et de mise en oeuvre de stratégies contorsionnistes à la Indiana Jones pour tenter d’agripper le drap en question, j’ai fini par y arriver.
Sauf que toute mon installation coussinique était en vrac, impossible de retrouver une position dormible, et après toute cette gym, of course, j’avais trop chaud !
Demain, quand elles me font le lit, j’exige un drap du dessus soigneusement plie au pied de mon plume. Et juste après j’appelle l’administrateur de garde pour lui dire de rajouter à la charte du patient hospitalisé l’article suivant : « La température corporelle et ambiante, qu’elle soit réelle ou ressentie, est laissée à l’appréciation pleine et entière du patient et aucun soignant n’est habilité à prendre en son nom des décisions qui pourraient mettre en péril le confort dudit patient. » Non mais, quand même !

Réveil en fanfare

« Bonjoooooour madame, bien dormi ? Comment ça va ce matin ? »
Comment ça va ? Bonne question, j’en ai pas la moindre idée : il est 6h34 du matin, purée. J’ai réussi à m’endormir à 6h28 environ, donc oui j’ai bien dormi, oui, les 6 minutes que ça a duré c’était juste trop top.
Sauf que là c’est déjà fini puisqu’un étudiant infirmier vient de rentrer dans mon havre de paix en balançant cette phrase fatidique : « je viens vous faire un bilaaaan ! ». A 6h34 du matin, le mec, il a rien de mieux a faire que de me réveiller mit lumière violente in my face et en plus pour m’annoncer qu’il va encore falloir me faire un trou quequ’part pour me saigner.
Alors, soyons clairs, après tout ce qu’ils m’ont déjà fait comme misères depuis que le Samu m’a jetée ici (non, pas déposée ni amenée, vu la délicatesse jetée est bien le mot adéquat), une prise de sang c’est quasi trop facile tellement c’est rien. Je me rappelle encore du temps de ma lointaine jeunesse où j’avais jamais été malade et où les rares fois ou il m’a fallu faire une prise de sang on avait du soudoyer une infirmière pour qu’elle vienne me la faire dans mon lit histoire que je puisse pas tomber trop bas au moment inévitable de l’évanouissement. Alors que maintenant, une prise de sang sans déconner ça me parait juste une promenade de santé. Mais quand même me réveiller pour ça alors que je dormais comme un ange à poings fermés depuis 6 longues minutes, c’est cruel.
Et en plus pour faire ça ils m’envoient un stagiaire. Alors, soyons re-clairs, le gars c’est pas un mauvais bougre, il est plutôt sympa, on s’amuse on rigole, et en plus il m’a à la bonne paske je dis toujours oui quand il demande si c’est lui qui peut le faire pour s’entraîner. Bon, il demanderait si je peux être son premier cobaye pour une trépanation ou une chirurgie à coeur ouvert j’y réfléchirais quand même à deux fois. Mais avant-hier il en pouvait tellement plus de joie que je le laisse tenter le coup de la sonde urinaire que ça me ferait mal de briser son élan de reconnaissance infinie en lui refusant des joies simples comme me changer mes pansements ou me gigoter mes drains. D’autant que je dois avouer que pour le moment je le note plutôt bien, il est consciencieux, bon contact avec le patient, pas de connerie apparente, et en plus il fait pas souvent trop mal.
Comme quoi faut jamais croire qu’on connaît les gens. Paske là ce matin ya pas moyen, le mec, les prises de sang, c’est vraiment ça qui va le recaler à son exam de fin d’études. Pourtant la vache je suis pas inf ni médecin mais ma veine du pli du coude elle est tellement énorme et bien visible que tu poses un A380 dessus les yeux bandés. Alors pour la louper 3 FOIS franchement faut soit être le pire piqueur de la galaxie, soit être aussi peu réveillé que moi. Quoique entre ses « meeeerdeeee » et le charcutage de mon bras, moi perso j’étais devenue super aware. J’ai même hésité un moment à lui arracher l’aiguille des mains et à me piquer myself... et bien sur c’est LE jour ou sa superviseuse titulaire expérimentée est pas avec lui pour me sauver la laïfe paske soit elle est encore peinarde au plume, la veinarde, soit elle lui a dit « attends, t’as trois tubes à remplir en piquant la grosse veine du pli du coude, tu vas y arriver tout seul les doigts dans le nez ». Sauf que pas.
Apres une dizaine de tentatives de plus en plus douloureuses et acharnées dues a l’énervement de l’étudiant couillu qui a du mal à admettre sa mise en échec pourtant évidente pour chacune de mes terminaisons nerveuses, il a fini par y arriver. Et donc maintenant il s’est barré avec ses trois tubes de mon précieux sang quasi sans dire au revoir et en claquant la porte, genre c’est ma faute si sur le coup il a tout foiré.Donc après mûre réflexion à la question initiale « Comment ça va ce matin » je dirais que ça part plutôt mal. Je vais tenter de me rendormir (on peut toujours rêver) pour oublier tout ça et aller voir si George Clooney serait pas de garde dans mon sommeil paradoxal...

Where are George and Patrick ?

Nan, pas George Michael et Patriiick Bruel, bande d’incultes du paf ! George Clooney et Patrick Dempsey, les deux docteurs canons de Urgences et Grey’S Anatomy.
Alors ouais, sans complexe aucun, j’avoue, je confesse et j’admets : je suis fan de séries médicales à la télévision. Alors re-ouais, c’est complètement pathétique et immature de ma part, ou alors freudiennement révélateur d’une admiration inconsidérée de la figure paternelle, ou re-freudiennement signe d’une frustration à jamais encrée dans mon inconscient de pas avoir eu le courage de me faire suer pendant une bonne décennie à faire des études de médecine ponctuées de stages hyper enrichissants en épongeage de vomi et touchers rectaux. Qui sait. Enfin tfassons le résultat est le même : je suis fan.
Et du coup fatalement à force de passer des dimanches soirs à vivre au rythme des massages cardiaques, à tenter de trouver le diagnostic avant le docteur Carter, à demander « NFS, chimie, iono, scan-cran » à l’unisson avec le docteur Shepard, forcément, on finit par se dire que l’hôpital encore mieux que Disneyland niveau action et amusement, mais en plus on finit par se croire fluently baïlingual en francais-docteur.
Sauf que pas.
Déjà il semblerait que rien que l’apprentissage du dialecte local justifie la longueur des études médicales et tu te fourres le doigt dans l’oeil jusqu’au cou si tu penses que tu maîtrises. Bon ouf, ya quand même eu deux ou trois fois ou j’ai pas regretté d’avoir enregistré tous ces épisodes, genre quand le chirurgien est venu me dire qu’on allait me faire « une laparo(tomie) » ou qu’on arrêterait la Tazo quand j’aurais été apyrétique trois jours de suite... (z’avez les nerfs, là, de pas avoir mieux suivi Urgences ou pire, d’avoir regardé Capital à la place, hein ? Continuez de vous accrocher, rien ne vaut l’immersion totale pour se mettre aux langues étrangères).
Mais à part ça je peux pas dire que je me sois sentie top à l'aise niveau maîtrise du jargon. Bon a la fois faut quand même avouer qu’ils aiment bien se la péter un poil aussi avec leurs « on fait un protocole béta en solution aqueuse » tout ça pour dire qu’il vont te décaper ta plaie à la flotte avec une goutte d’antiseptique dedans...
Mais ya pas que sur la communication orale que ça a été la désillusion totale et le choc entre la dure réalité disons-le franchement barbante et le scénario quand même super bien ficelé de mes séries fétiches.
Déjà quand je suis arrivée aux urgences (en ambulance que même pas UNE SEULE FOIS y z’y ont mis la sirène en 45 minutes de trajet, quand même), yavait de la place. Pas de brancards jonchant le couloir avec des mecs agonisants qui hurlaient a la mort, pas d’infirmières qui courraient dans tous les sens avec leurs kits de réa, pas d’appel en renfort d’interne en galère qui beugle « il s’enfooonce » pour qu’un titulaire vienne l’aider a passer la sonde de 7 ½ pour intuber... nan, on m’a accueillie poliment, calmement, quasi si j’avais pas été à l’agonie on aurait taillé le bout de gras sur le match de rugby avec le brancardier !
Bon c’est sur qu’un petit hosto de cambrousse comme ça, ça doit pas être tous les deux jours que les 278 passagers d’un Boeing se crachent sur la place du marché et arrivent tous en même temps... et ya des chances pour que la seule blessure par balle qu’ils aient vue ce soit un pépé qu’a tire dans le Q de son chien en nettoyant son fusil à plombs le jour de l’ouverture de la chasse au faisant. Mais bon, quand même, un peu d’adrénaline, un peu de sang, merde, quand t’arrives aux urgences, ça fait classe. Ca rassure, même, ça fait genre on sait soigner autre chose que le crise hémorroïdaire fulgurante de la boulangère du trottoir d’en face, quoi. Ca fait genre si t’as un truc vraiment grave on va te sauver au lieu de paniquer paske c’est la première fois qu’on a un truc pire a traiter qu’un ongle incarné par des bottes anti-bouse trop petites...
Sauf que pas. Sauf que si on trouve pas ce que t’as juste en te le demandant, on te fait faire un écho par un mec qu’est tellement pressé de rentrer traire ses vaches qu’il voit même pas que t’as juste tout l’intérieur de toi qui est en train de moisir pire que du crottin de cheval de trait. Sauf que comme ont te trouve rien qui cloche on te renvoie chez toi avec une boite de Doliprane que même quand je jouais au docteur à 4 ans je savais que yavait des médocs plus sérieux pour les vraies maladies. Sauf que quand tu reviens le lendemain visiblement à l’agonie puisque c’est pas un paracétamol sans ordonnance qui va te sauver tes entrailles de la putréfaction explosive, ben pour le scanner faut aller à la ville, déjà, donc transfert mit gyrophare et ex-pilote de F1 raté au volant tout ça sans calmant paske comme on sait pas ce que t’as on préfère rien te donner. Et encore le transfert c’est quand la gentille docteure a fini par réussir à attendrir un scannériste de la ville pour qu’il veuille bien jeter un oeil à pourquoi t’es en train de crever alors qu’il a pas que ça à faire paske que crotte quand même, c’est soir de match et le score est serré, là. C’est bien le problème dans la réalité : comme personne couche avec personne, quand t’as besoin de demander un service à un confrère, t’as forcement moins d’arguments !
Ouais paske faut dire aussi que côté romance in the couloir et flirtage in the réserve of médocs, ici même au gros hôpital de la grande ville ça m’a tout l’air d’être le calme plat. Même en observant de près avec mon oeil exercé (3 épisodes avant j’arrive à te dire quelle est la prochaine infirmière qui succombera a George), que dalle. Pas de sourire en coin, pas de rire de gorge, pas de papillonnement de cils ni de balancement de cheveux brushés... UNE FOIS yavait une inf qu’avait mis du rimmel et des belles boucles d’oreille, ben ça a même pas eu l’air d’émouvoir le moindre de ses collègues. Dé-ce-vant.
Pis tfassons les docteurs y sont même pas canons, y sont même pas en pyjama bleu assorti à leurs yeux... Alors franchement, même si, faut avouer, je crois que j’ai eu la chance insolente de tomber sur le chirurgien le plus beau (ou le moins moche) qu’ils avaient en stock et qu’il a les yeux bleus, il arrive pas a l’ourlet du pantalon de scrubs de Patrick...
Nan vraiment, l’hôpital c’est mieux a la télé... pis ça fait moins mal !

Guirlandes

C’est le grand jour. D-Day. J’ai même pas eu le temps de mettre en place un compte à rebours, de convoquer une fanfare et d’acheter du Champomy pour fêter dignement le truc vu qu’on me le promettait toujours pour « d’ici quelques jours » sans jamais donner de date et que j’avais fini par croire que ça n’arriverait jamais.
Mais non, ça y est, c’est aujourd’hui et c’est la maintenant tout de suite : je suis officiellement, concrètement et totalement déperfusée.
Pu de tuyau sortant (ou entrant ?) de moi qui me faisaient ressembler à un sapin de noël mit guirlandes de latex designé par John Galliano...
Pu de potence à traîner en laisse pour aller aux toilettes et qu’on sait pas où caser pour pouvoir s’approcher suffisamment du lavabo pour se laver les mains sans s’arracher un bras ou s’assommer avec la potence paske ils m’ont pas laissé assez de mou dans les tubulures...
Pu de cathéter qui fait mal dans la main/le bras/le cou que tu te demande à quoi ça sert, finalement, de te faire plein de trous qui font mal pour te passer des calmants qui doivent t'enlever le mal que t'avais avant ailleurs...
Pu de collant pour tenir le cathéter qui s’écorne et qui se scotche à tout ce qui passe y compris tes cheveux...
Pu de bandage qui maintenait en place le dernier cathéter pour pas qu’il bouge et me pète ma toute toute toute dernière veine valide que tu dois te contorsionner pour te laver les mains sans l’imbiber d’eau pour sauver ta main de la macération gangrènante, à moins qu’elle ne décède de galle léprosique tellement ouah la vache ça réchauffe la bande Velpeau par 45 a l’ombre...
Pu de réveil en sursaut emmêlée dans les tuyaux que tu te prends pour un méchant rattrappé par Spiderman.
Pu de re-réveil en sursaut quand les infs raboulent en pleine nuit pour changer le pochon que t’as envie de leur dire que ok on leur a appris que la relation patient est super importante mais nan vraiment c’est pas une violation de l’article 4-b de la charte des droits du patient hospitalisé si vous m’informez pas que « bonsoir madame, c’est l’infirmière de nuit, je viens vous changer la perfusion » en m’allumant le plafonnier 100W dans la tronche...
LIBRE, enfin libre de mes mouvements je suis.
C’est tellement trop beau que je réalise pas encore vraiment, j’avoue.
Paske ya quand même eu un moment en réa où j’avais un chouette look de sapin de noël avant-gardiste avec toutes mes guirlandes ! Entre la voie centrale à trois entrées dans la jugulaire, trois cathés dans chaque bras et tout un tas de sacs à jus, de flacons et autres bouteilles suspendues tout autour de moi qui faisaient « plop-plop » 24h sur 24, nan vraiment, j’étais juste une oeuvre d’art contemporain digne de Beaubourg. Sans compter qu’à ce moment-là j’avais aussi 4 tuyaux « sortants » du ventre pour drainer les restes de saletés, la sonde urinaire qui faisait pipi pour moi, la sonde gastrique, et le chti tuyau sous le nez pour l’oxygène. Je devais être sublime à faire peur comme Christmas tree ! Les trois quarts de Silicone Valley ont du être réquisitionnés pour fabriquer assez de tubulures... milles excuses encore à la planète et aux générations futures pour tout ce plastic pas fantastique que j’imagine non recyclable.Mais ça y est maintenant c’est fini. Je me demande ce que je pourrais faire de fou pour fêter l’événement... tiens, j’irais faire quelques longueurs de couloir tout à l’heure, fièrement seule. Ou tristement seule ? Nan mais c’est qu’on finit par s’y habituer, à ce fidèle teckel qui suit partout à moins d’un mètre. C’est aussi que c’est bien pratique quand on a la jambe molle de pouvoir de temps en temps sauver sa face de l’éclatement sur lino gerbique en s’agrippant à sa potence ! Ou de pouvoir poser les pieds dessus pour aller faire pipi pask’on a des jambes de naine et qu’on touche pas le sol quand on est sur les WC suspendus !

Débordée

A l’hôpital les distractions sont rares. Alors ouais ya la télé mais c’est déjà pas Byzance niveau films et émissions potables en prime time alors autant dire que le reste de la journée c’est le désert de Gobi au meilleur de la saison sèche.
Alors ouais ya la lecture, mais je sais pas si z’avez déjà tenté de lire un bouquin avec un seul bras valide sans pouvoir en plus se servir de l’option ventre en repose-livre, mais croyez-moi sur parole c’est la tendinite assurée le retour et donc la durée du divertissement c’est plutôt genre coït de lapin qu’après-midi full time. Pis même si j’avais pris des cours accélérés avec David Copperfield pour faire tenir les bouquins en lévitation indolore, je suis pas 100% sure que je mourrais d’envie de mettre à profit mon séjour ici pour me refaire une culture littéraire et m’attaquer genre à Guerre et Paix. Que celui qui vient de dire « ouh, elle a jamais lu Guerre et Paix » se dénonce immédiatement. Ben nan, et même, savez quoi, j’ai jamais lu un Proust non plus et pourtant j’ai très bien fait illusion en prépa littéraire. Que les éventuels lecteurs de 17 ans aient les paupières loooourdes, se concentrent sur ma voix, et oublient immédiatement cette dernière phrase. Que les éventuels lecteurs parents de jeunes de 17 ans aient les paupières loooourdes, se concentrent sur ma voix, et me pardonnent immédiatement cette dernière phrase.
Alors ouais ya le sudoku, mais je sais pas si c’est la morphine ou quoi, mais là, marche pas. Déjà bien sur ya le même problème technique de prise en main des ustensiles qu’avec l’activité lecture, la question du crayon en plus, mais surtout ya que alors qu’en temps normal je suis juste la championne du monde du sudoku que c’est où tu veux quand tu veux que je te règle ton compte au contre la montre sur un samouraï fiendish (lecteurs non initiés, mille pardons, ce serait trop long de décoder tout ça), ben là de suite même une vieille grille simple dans un vieux bouquin honteusement intitulé « le sudoku pour débutants : des grilles faciles pour vous initier », j’ai du en abandonner la moitié sans pouvoir finir. La honte ! A la minute où je sors d’ici j’allume un barbec’ avec ce livre pour effacer toute trace de cet infâme déshonneur.
Donc une fois éliminées toutes ces possibilités, me reste quoi, moi, comme option, pour essayer de pas mourir d’ennui plus vite que de maladie ?
L’occasionnelle joke-party avec l’étudiant infirmier qui commence à devenir un poil lourd et pis là ça y est je crois que c’est bon, je connais toute sa vie en entier...
L’occasionnelle séance de dédicace photo avec les aides soignantes qui viennent s’extasier devant les bouilles irrésistibles de mes mouflets scotchées sur la potence à perf (j’avoue, j’ai craque, je l’ai fait : j’ai non seulement apporté une photo mais en plus elle est suspendue de sorte que je puisse la voir rien qu’en tournant la tête... et je confesse même que une ou deux fois j’ai bisoute la photo avant d’éteindre la lumière, avec même la larme à l’oeil et tout telle la pire vraie mère poule fan de ses rejetons que j’avais juré que jamais je serais... comme quoi ils vous filent des drogues ici qui vous font faire des trucs insoupçonnés.)
L’occasionnel échange communicatif super enrichissant avec la femme de ménage sur le temps qu’il fait avec toujours la question cruciale : fera-t-il plus chaud aujourd’hui qu’hier ? Suivie de près par la fameuse et non moins inévitable : «ils» ont dit qu’il allait pleuvoir mais on dirait que c’est pas encore pour aujourd’hui...
Sortie de ça et des changements de perf, nettoyages de pansements, toilette au gant microfibre jetable (ça devrait juste être interdit cet immondice tellement la texture est affreuse que tu te sens plus sale après qu’avant) et de quelques allers-retours aux WC (qui Dieu merci prennent une bonne dizaine de minutes le temps de s’extirper du lit, de désemmêler les tuyaux de perf, de se sortir de la culotte filet sans s’arracher le drain, puis d’escalader le lit par la face nord et d’essayer de se remettre de l’expédition sans agoniser dessuite), ben sortie de ça ça me laisse bieeeeen le temps de me dire que la vache, j’avais jamais remarque que 24 heures ça durait aussi longtemps que ça.Nan, sans dec’ 24 HEURES ! Et tous les jours en plus ! Nan, c’est beaucoup trop long. Tiens, je vais écrire au gouvernement pour demander une loi qui créerait un discontinuum espace-temps en milieu hospitalier pour qu’on réduise de moitié le temps d’ennui des patients. Enfin, dans un premier temps. Paske dans un deuxième si on pouvait carrément juste passer en accéléré voire zapper totalement tous les moments ou ya rien d’autres à glander que de réfléchir à où on a mal, je suis sure que ce serait plus confortable pour tout le monde. Ouais, tiens, je vais faire ça, ça m’occupera toujours quelques minutes... voire quelques heures si je fais un brouillon, que j’écris à la main avec une plume d’oie et que ça doit être lisible et sans faute d’orthographe.

Prison Break

La grande évasion est prévue pour demain... enfin, vu qu’en début de semaine ils m’ont dit « vous devriez sortir en fin de semaine », qu’on est déjà jeudi et que je les vois mal organiser mon pot de départ un dimanche, j’en déduis que je sors demain.
Enfin en théorie, quoi... paske à force de pas donner de date ni d’heure précise, de répéter que « faut voir comment ça évolue », difficile d’en mettre ma main au feu.
Depuis hier soir j’ai attaqué l’étude minutieuse de mes scarifications pour trouver des réponses concrètes. Comme le tombeur de jeunes filles en fleur de Prison Break (eh ouais, je regarde pas QUE Urgences, non plus) j’ai le plan de sortie imprimé sur le ventre. Grave plus en relief et sûrement vachement moins sexy que lui mais quand même.
Et j’ai un peu du mal à déchiffrer les hiéroglyphes... paske autant les points qui ont l’air d’avoir bien recollé le truc et flécheraient donc plutôt direction la sortie (d’ailleurs le doc veut me le faire sauter demain), mais ya quand même des codes couleur qui m’échappent un poil.
(Lecteurs allergiques a l’évocation de secrétions corporelles, c’est les moment de la pause pipi)
Paske, quand même, la cicatrise, elle suinte généreusement un joli petit arc-en-ciel de trucs plus ou moins visqueux. Paraîtrait que ce serait rien d’inquiétant... ben je veux pas remettre en cause le professionnalisme du docteur, hein, loin de là, surtout que jusqu’ici il a plutôt grave assuré, mais quand même y va pas me faire croire que je peux rentrer chez moi sans points avec ce truc immonde et qu’il y a aucun risque que je me retrouve avec mes viscères sur les genoux avant d’arriver a la maison...
Nan pour moi clairement le plan tatoué sur mon bide, là, de suite, dit feu rouge-orangé donc mayday mayday abort operation que personne ne bouge.
Alors attention, hein, c’est pas que j’ai pas envie de rentrer chez moi, au contraire, retrouver ma ruine, dormir dans MON lit avec un matelas pas en plastique qui colle, pouvoir me laver autrement qu’au microfibre jetable beurk, avoir les pieds qui touchent le sol quand je vais aux WC, dire adieu à la culotte filet et surtout faire enfin des câlins à Chouchou et les mouflets, j’en rêve.
Mais si c’est pour me faire re-pécho illico comme les gars de Foxriver paske j’aurais mal lu le plan sur mon bide et qu’y faille y faire des retouches, ben en fait, peut-être bien que je préfère pleurer encore un peu en faisant des bisous pathétiques aux photos des petits choux le soir...
Dommage que la Croix Rouge prête que de la lecture gratuitement, sinon j’aurais emprunté la saison 1 de PB pour réviser le déchiffrage abdominal.

Fashion victim

La telle que vous ne me voyez pas, je suis au top. Claudia, Eva et Gisèle peuvent remballer leurs moues boudeuses, leurs poses lascives et leurs brushings Jean-Louis davidiques, elles font tout simplement pas le poids. Faut dire que, les pauvres, je leur laisse aucune chance avec ma chemise d’hôpital et ma culotte filet.
Nan, vraiment, comment lutter contre un tissu élime qu’ils ont oublié d’imprimer par endroit avec un charmant motif géométrico-bucolique et qui peluche, une coupe informe taille XXL et surtout, le clou du tableau : l’ouverture dans le dos avec DEUX pressions qui tiennent pas.
J’ai presque envie de mettre aux maths et a l’économie pour vérifier que ça ferait vraiment un dommage irréparable au trou de la sécu si on rajoutait 2 pressions supplémentaires à chaque blouse d’hosto, juste histoire que je (et tous mes collègues hospitalisés) puisse de temps en temps faire un tour de couloir sans faire un défilé de culotte filet.Ca aussi, une invention merveilleuse... et surtout telllllement esthétique et gratifiante. Nan ya pas, y font vraiment tout ici pour que tu te sentes au mieux de ta forme et de ton sex-appeal... alors j’ai pas dit qu’ils devaient fournir des strings en dentelle Chantal Thomas à tout le monde, mais à la fois je suis sure que ça leur coûterait moins cher en antidépresseurs si ils faisaient un chti effort pour qu’on se sente un peu moins pathétiquement moche et aliéné.

Le jour le plus long

C’est aujourd’hui. Pourtant, l’échappée belle étant prévue à 14h tapantes, autant dire que c’est même pas un jour entier à proprement parler mais la vaaaache qu’est-ce que c’est loooong ! Il est a peine 11h et je sais déjà plus quoi faire de mon pauvre moi...
Faut dire que forcément je me suis réveillée spontanément à 5h, sans même qu’on ait à me violenter avec une aiguille quelconque pour ça.
La valoche est déjà bouclée (vu que je suis arrivée à poil et que j’étais pas apte à beaucoup d’activités ça a été vite vu...) depuis au moins 2h, les pansements sont changés de frais, tous les corps étrangers ont été retirés violemment de l’intérieur de moi et les trou colmatés avec des compresses king size et du collant qui colle pas paske fait trop chaud et que je transpire du bide ce que je croyais carrément meme pas possible...
Je suis dans les starting blocks, au taquet, à fond, je fais un boulot de dingue sur moi-même pour pas aller m’asseoir sur ma valise à côté de l’ascenseur pour pouvoir courir vers la sortie à la seconde où on viendra me chercher.
Petite appréhension, à la fois, faut pas se leurrer, paske je peux pas m’empêcher de me dire que vaut mieux être entourée de professionnels aguerris et d’équipement de pointe pour le cas où mon bide déciderait d’éclater spontanément et de me déverser les intestins sur les genoux... ce qui va forcement arriver. Ben ouais, avec le bol que j’ai ça peut pas s’arrêter là, quand même, si ?
Un poil de stress aussi que les mouflets soient pas aussi excités de me retrouver que je ne le suis (paske la vache, deux semaines, là, je suis à fond, ils auraient raison d’avoir peur que je les bouffe de bisous) ou qu’ils me fassent le plan de la culpabilisation genre « tu nous a abandonnés ».
Une touche d’angoisse aussi qu’ils soient justement trop contents de me retrouver et soient littéralement tout le temps couchés tous les trois en même temps sur ma cicatrice ou qu’ils me fassent un flan paske ben ouais ben nan Mummy là, dessuite, elle peut pas jouer au foot ni te pousser sur la trottinette ni te faire faire l’avion. Quelle ingrate quand même.
Et pis va y avoir la quatrième dimension totale et absolue : être à la maison comme à l’hôtel. Je fantasme déjà sur une clochette que je pourrais agiter dès que j’ai besoin d’un truc... nan paske faudra pas non plus me seuvrer trop violemment du petit dej apporté au lit sur un plateau, hein, ça peut être super dangereux, si si, c’est le docteur qui l’a dit Chouchou, j’te jure.
Bon, ben, l’heure approche, avec tout ça...
Je vous tiens au courant, hein, promis yaura du sang, des tripes et des boyaux pour ceux qui aiment, mais pas trop de rigolade quand même, hein, pour pas faire sauter les points !