samedi 5 juillet 2008

Cuisson vapeur

Fait chaud... vous me direz « ben ouais, patate, on est fin juin ». Alors déjà les gens on arrête tout de suite de m’appeler patate paske sinon c’est moi qui y en colle une dans le pif, de patate. Et en plus je vous f’rais dire que pas plus tard que ya deux semaines on était mi-juin et pourtant on se caillait tellement les miches que j’ai du défaire les cartons pour exhumer les turbulettes en polaire des mouflets et qu’en regardant par la fenêtre et en sortant le nez dehors on aurait plutôt misé sur la Toussaints que sur Midsommar et les feux de la saint Jean. Mais bon.
Donc, comme je disais, fait chaud. Bon alors on va pas jeter la pierre (on va plutôt jeter tout le seau) aux andouilles d’architectes des années 60-70 qui ont trouvé que ça ferait tellement super moderne hyper design de construire TOUS les hôpitaux du monde en structure métallique maronnasse et verre assorti sans se demander trente secondes comment tu fais pour survivre tes pauvres malades qui cuisent à l’intérieur de ce qui, désolée d’enfoncer le clou, ressemble a s’y méprendre au four que ma mère a eu comme cadeau de mariage ah ben tiens, justement, in the 70’s. On reconnaît bien le courant artistique, et du coup la fonction pyrolyse marche a peu près aussi bien dans les deux cas : increvable, le four de ma mère te cuit une tarte aux pommes plus vite que la foudre, inévitable, l’hosto 70’s te crame un malade sur les deux faces des que le soleil a le malheur d’effleurer une vitre. Et des vitres, yen a partout. Et en plus comme a dit le brancardier qui m’a litée dans ma chambre (ouais, litée, conduite en lit, quoi) : « z’avez de la chance, votre chambre est super claire et lumineuse, de l’autre côté du couloir c’est pas du tout pareil ». Ben ouais, de l’autre côté du couloir ils ont un auvent qui certes assombrit un peu la vue splendide sur le centre historique de la ville, les pauvres biquets, alors que moi et mon Q bordé de nouilles rien ne nous protége de l’exposition plein sud et du panorama imprenable sur le parking du Samu et l’espace fumeur du personnel. Nan vraiment j’ai tiré le gros lot, là.
Donc fait chaud.
Mais par contre soyons objectif et ne voyons pas tout en noir, ya la clim dans le couloir. Donc si t’es pas gêné par l’idée que TOUS les infirmiers, médecins, brancardiers, visiteurs et familles qui passent matent comme t’es canon avec ta chemise qui te laisse le derrière au vent et ta coupe tendance spaghettis à l’huile d’olive, tu peux tenter d’entrouvrir la porte pour prendre une bouffée d’air.
Rendons aussi a César ce qui lui appartient, yavait un ventilo bien sagement planqué dans mon placard qui est vite devenu mon meilleur ami, et doigt à ceux qui disent que ça devrait être interdit dans les hostos paske ça fait voler tous les miasmes.
Mais quand même, fait chaud.
Et pourtant j’ai 40 de fièvre donc l’air ambiant devrait me paraître plus supportable qu’aux pauvres bougres qui sont là à se liquéfier dans leur 37...
Mais n’empêche, fait chaud.
Et pis au cas ou tu réussis à rester assis sans bouger pendant suffisamment longtemps, à entrouvrir ta chemise-cul-nu de façon assez indécente (ne pas oublier dans ce cas de mettre la porte option clim en position fermée), à orienter farpaitement le ventilo, à ajuster au poil son oscillation, à régler sa vitesse de rotation pour atteindre la perfection niveau rafraîchissement que carrément tu te dis que finalement la canicule t’épargnera peut-être, ben les rares fois où t’arrives à faire tout ça, tu peux parier ton confort éphémère qu’ya une infirmière qui va rentrer et qui va dire « qu’est-ce qui fait chaud dans votre chambre ! ». Rien que l’effort de lui dire que non merci moi la ça allait je trouvait que c’était plutôt supportable, déjà t’es en sueur. En plus l’inf est toujours flanquée d’une aide soignante ou d’une étudiante donc double effet kiss pas cool de chaleur humaine = température ambiante + 10 degrés. Re-sueur. Et je finis par atteindre mon point d’ébullition quand pour couronner le tout les deux blanchettes commencent à donner leur avis sur le moyen de réduire cette chaleur paske vraiment c’est la chambre la plus caniculaire de l’étage et que du coup elles font comme si je leur avais dit de faire comme chez elles et me déplacent mon ventilo, ouvrent ou ferment la fenêtre, montent ou baissent le volet, puis se barrent le sourire du devoir accompli aux lèvres en balançant « laaaa, vous serez beaucoup mieux comme ça ».
Elles le savent en plus les chiennes que je peux pas sauter de mon lit avec ma potence à perf en laisse et risquer l’éventration cicatricielle a tout remettre comme avant !
Je suis donc obligée d’attendre la prochaine visite et de perdre une heure de conversation amicale et détendante à faire faire des ajustements au poil de cul du ventilo, du volet et de la fenêtre aux pauvres rares amis qui viennent me voir dans mon four.
Enfin si ils me trouvent encore là et que je suis pas plus qu’une flaque imbibée dans mon matelas anti-escarres.
Nan, franchement, fait chaud.

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