samedi 5 juillet 2008

Thé ou café?

Enfin non, mon ex-conscience professionnelle journalistique me force à rectifier dessuite : la question exacte était « comme boisson de confort, vous prendrez quoi ? ». Semblerait qu’en jargon hospitalier on appelle une tasse avec une truc chaud dedans une boisson de confort.
M’en fous, tfassons, ils pourraient bien appeler ça comme ils veulent ça ne change rien à la question : une personne en blouse blanche (mes yeux embués d’émotion ne distinguent même plus la couleur du passepoil permettant une identification plus poussée de la catégorie aide-soignante, infirmière, cantinière ou autre), une dame en blanc donc, tel un ange venu tout droit du paradis, vient de me proposer a MOI une boisson chaude.
Apres 10 interminables jours sans avoir le droit de manger ni boire quoi que ce soit à part les paroles pas toujours réconfortantes du chirurgien/orthopédiste/anesthésiste/pneumologue et un cocktail élaboré et moyennement gustatif de diverses infusions par voie IV et autres perfs, on m’offre une boisson chaude, et en plus j’ai le choix ! Remarquez, au point ou j’en suis, un verre d’eau de vaisselle vaguement tiède déjà ce serait la teuf à la maison, mais là « thé ou café » je danse la danse de l’extase a l’intérieur de moi.
Cette année, donc, Noël tombe un lundi 30 juin à 7h13... alors, bon, s’agit de pas se louper, hein, parce qu’après pareille traversée du désert de la soif et de la faim, je voudrais pas gâcher tout ce bonheur intense en me gourant de commande. Thé, of course. Nan mais attends les gens, on sait jamais, sous le coup de l’émotion submergeante ma langue aurait pu fourcher et balancer « un café, merci ». Encore qu’un bon café au lait... Non non, je dois faire honneur à mon nom et en tant que sujet par alliance de sa Majesté Babeth 2, la seule alternative décente était un bon vieil english breakfast tea. Sauf que la chose dans le sachet c’est encore pire que du Lipton Yellow, mais on s’en tape, c’est chaud, c’est du thé et c’est pour MOI !
Je résiste à l’envie furieuse de réclamer un nuage de lait (milles excuses pour l’affront à la couronne, honni soit qui mal y pense et tout le toutim) paske ici ce qu’ils appellent du lait c’est une poudre qui doit servir aussi à décaper les bassins à pipi et comme placebo à la place de l’Efferalgan, et qui fait des grumeaux immondes dans le thé. Donc mini ola en l’honneur de moi, même dans un moment aussi grandiose je suis arrivée à contrôler mes ardeurs.
Me voilà donc avec un chti plateau rose layette coordonné au papier peint rose saumon et au lino gerbique couleur pêche (Her Majesty trouverait se camaïeu tout a fait lovely d’ailleurs, si ce n’est que les rideaux fleuris font cruellement défaut), et sur mon chti plateau trône une tasse de « thé » fumante ET merveille suprême DEUX SUCRES.
Ouh la la re-dilemme : j’y jette les deux sucres in the cup of tea ou pas ? Mon coeur balance paske d’un côté rien dans le coco depuis 10 jours, je suis sûre que ya une paire d’organes, cellules et autres fluides qui sauraient bien quoi en faire de ce sugar, à la fois rien dans le coco depuis 10 jours est-ce que je risque pas un truc super violent genre choc anaphylactique ou une hyperglycémie fatale à me jeter direct 2 sucres dans le gosier ? Mmmh, difficile de trancher... bon, je me remémore rapidos tous les épisodes d’Urgences et de Grey’s Anatomy que j’ai pu voir et j’ai pas de souvenir de décès violent suite à un thé trop sucré. Check. Je jette un oeil à mes guirlandes de perfs et je vois qu’il y en a un paquet qui me goutte-à-gouttent du glucose qui s’appelle G5, je me dis que donc mathématiquement 2 sucres ça doit être genre 2G et que donc ça limite les risques de mort subite. Check. Et pis surtout je me dis que caca chien moi le thé je l’aime super sucré. Check. Et enfin peste soit et feuille de cerise, ça fait 10 jours que j’ai rien avalé donc doigt, c’est pas deux sucres qui vont me compromettre mon été en bikini (j’ai déjà une balafre de 50 cm en plein milieu du bide qui est là rien que pour ça). Last check. Donc GO pour les deux sucres.
On touille, on laisse infuser. On re-touille, on essore le sachet. On re-re-touille, on laisse tiédir un peu. On re-re-re-touille, on sort la cuiller, on la lèche... miaaaaaammmm ! ! !
Comme quoi le bonheur s’écrit avec un T, des fois !

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