samedi 5 juillet 2008

Dans de beaux draps

Cette nuit, d’un coup, sans crier gare, j’ai eu froid. Je ne m’explique toujours pas comment une telle aberration physiologique a pu se produire vu la température caniculaire de la piaule, ma fièvre qu’avait encore monté, et les 28 oreillers que j’avais du me caller dans tous les recoins pour trouver enfin une position suffisamment confortable pour réussir à fermer l’oeil. Mais après tout on s’en bat l’oeil de comment c’est arrive, le fait est qu’à trois heures du mat je me suis trouvée réveillée par mes propres grelottements.
Qu’à cela ne tienne, me dis-je, je vais étendre un doigt de pied et tirer à moi le couvre-lit que la dame a laissé comme d’habitude plie au carré au pied de mon plume. Faut dire que je dois avoir de très proches ancêtres chimpanzés parce que suis over douée en motricité fine du pied et en pince opposable des orteils. Comme en plus je suis super souple de la cuisse et du mollet quasi j’arriverais à faire mon lit en étant dedans et sans les mains. Houdini, genre.
Donc j’étends un doigt de pied prudent vers le pied du lit pour sonder la présence du couvre-lit (oui, prudent, parce que vu le temps que ça m’avait pris pour m’installer dans la position du dodo, je suis à peu près sure que si gigote trop je peux dire adieu au reste de ma nuit). Et là, horreur, malheur et damnation : RIEN. La nouille qui me rebat tout le temps les oreilles que j’ai la pire fournaise de tout l’étage a décidé de son propre chef que j’avais vraiment pas besoin de couvre-lit et a du se barrer avec pour y tailler des rideaux assortis au papier peint effet brossé saumon de son salon... ok, restons zen continuons l’exploration oreteillesque à la recherche du drap du dessus. NIENTE non plus. Ah ouais donc la grognasse carrément elle pense que même si j’ai envie d’avoir froid, j’ai juste pas le droit. Ce serait pas une violation de mes plus élémentaires droits de patient, ça ? Attends un peu que je me refasse des jambes et que j’y check c’t’affaire sur la « charte du patient hospitalise » pompeusement placardée in the couloir mit clim.
Bon, brainstorming avec moi même : il est 3h de mat, je me pèle les miches, je fais quoi ? Je vais pas sonner l’inf de garde de nuit pour qu’elle me porte une couette paske elle va me dire que c’est la canicule dans ma piaule, que j’ai du rêver que c’est juste pas possible que j’aie froid et que maintenant je lui lâche la grappe et je dors paske elle a des patients a s’occuper qui eux ont des maladies pas virtuelles. Ou alors elle va tout de suite faire rappliquer l’interne d’astreinte aux urgences pour lui dire que je dois être à l’agonie vue que visiblement il fait 60 dans ma chambre et que je dis que j’ai froid. Si j’avais ne serait-ce qu’un infime espoir que l’interne en question soit George Clooney himself, je vous cache pas que j’aurais envisagé de tenter le coup. Mais je crois avoir fait le tour des docs du CH et le moins moche c’est encore mon chirurgien qui là est en week-end, donc nan.
Totale, je suis all by myself avec mes frissons et faut bien que je trouve une solution.
Et la, éclair de génie (faut bien qu’une fois de temps en temps ça serve à un truc d’avoir un QI de 152) je me rappelle que mon escort boy qui m’avait fauteuillée à la radio avait galamment étalé un chti drap sur mon fauteuil pour que j’ai pas les fesses qui collent au plastiskai par la béance de ma chemise ouverte. Victoire, la salvation est proche, suffit de choper le drap qu’est sur le fauteuil et de me le houdiner à la force du doigt de pied sur le lit et je pourrais douillettement finir ma nuit. Hourra, ouais, youpi, ok, sauf que le fauteuil il est a au moins 1 mètre du pied du lit...
30 bonnes minutes d’élaboration et de mise en oeuvre de stratégies contorsionnistes à la Indiana Jones pour tenter d’agripper le drap en question, j’ai fini par y arriver.
Sauf que toute mon installation coussinique était en vrac, impossible de retrouver une position dormible, et après toute cette gym, of course, j’avais trop chaud !
Demain, quand elles me font le lit, j’exige un drap du dessus soigneusement plie au pied de mon plume. Et juste après j’appelle l’administrateur de garde pour lui dire de rajouter à la charte du patient hospitalisé l’article suivant : « La température corporelle et ambiante, qu’elle soit réelle ou ressentie, est laissée à l’appréciation pleine et entière du patient et aucun soignant n’est habilité à prendre en son nom des décisions qui pourraient mettre en péril le confort dudit patient. » Non mais, quand même !

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