samedi 5 juillet 2008

Réveil en fanfare

« Bonjoooooour madame, bien dormi ? Comment ça va ce matin ? »
Comment ça va ? Bonne question, j’en ai pas la moindre idée : il est 6h34 du matin, purée. J’ai réussi à m’endormir à 6h28 environ, donc oui j’ai bien dormi, oui, les 6 minutes que ça a duré c’était juste trop top.
Sauf que là c’est déjà fini puisqu’un étudiant infirmier vient de rentrer dans mon havre de paix en balançant cette phrase fatidique : « je viens vous faire un bilaaaan ! ». A 6h34 du matin, le mec, il a rien de mieux a faire que de me réveiller mit lumière violente in my face et en plus pour m’annoncer qu’il va encore falloir me faire un trou quequ’part pour me saigner.
Alors, soyons clairs, après tout ce qu’ils m’ont déjà fait comme misères depuis que le Samu m’a jetée ici (non, pas déposée ni amenée, vu la délicatesse jetée est bien le mot adéquat), une prise de sang c’est quasi trop facile tellement c’est rien. Je me rappelle encore du temps de ma lointaine jeunesse où j’avais jamais été malade et où les rares fois ou il m’a fallu faire une prise de sang on avait du soudoyer une infirmière pour qu’elle vienne me la faire dans mon lit histoire que je puisse pas tomber trop bas au moment inévitable de l’évanouissement. Alors que maintenant, une prise de sang sans déconner ça me parait juste une promenade de santé. Mais quand même me réveiller pour ça alors que je dormais comme un ange à poings fermés depuis 6 longues minutes, c’est cruel.
Et en plus pour faire ça ils m’envoient un stagiaire. Alors, soyons re-clairs, le gars c’est pas un mauvais bougre, il est plutôt sympa, on s’amuse on rigole, et en plus il m’a à la bonne paske je dis toujours oui quand il demande si c’est lui qui peut le faire pour s’entraîner. Bon, il demanderait si je peux être son premier cobaye pour une trépanation ou une chirurgie à coeur ouvert j’y réfléchirais quand même à deux fois. Mais avant-hier il en pouvait tellement plus de joie que je le laisse tenter le coup de la sonde urinaire que ça me ferait mal de briser son élan de reconnaissance infinie en lui refusant des joies simples comme me changer mes pansements ou me gigoter mes drains. D’autant que je dois avouer que pour le moment je le note plutôt bien, il est consciencieux, bon contact avec le patient, pas de connerie apparente, et en plus il fait pas souvent trop mal.
Comme quoi faut jamais croire qu’on connaît les gens. Paske là ce matin ya pas moyen, le mec, les prises de sang, c’est vraiment ça qui va le recaler à son exam de fin d’études. Pourtant la vache je suis pas inf ni médecin mais ma veine du pli du coude elle est tellement énorme et bien visible que tu poses un A380 dessus les yeux bandés. Alors pour la louper 3 FOIS franchement faut soit être le pire piqueur de la galaxie, soit être aussi peu réveillé que moi. Quoique entre ses « meeeerdeeee » et le charcutage de mon bras, moi perso j’étais devenue super aware. J’ai même hésité un moment à lui arracher l’aiguille des mains et à me piquer myself... et bien sur c’est LE jour ou sa superviseuse titulaire expérimentée est pas avec lui pour me sauver la laïfe paske soit elle est encore peinarde au plume, la veinarde, soit elle lui a dit « attends, t’as trois tubes à remplir en piquant la grosse veine du pli du coude, tu vas y arriver tout seul les doigts dans le nez ». Sauf que pas.
Apres une dizaine de tentatives de plus en plus douloureuses et acharnées dues a l’énervement de l’étudiant couillu qui a du mal à admettre sa mise en échec pourtant évidente pour chacune de mes terminaisons nerveuses, il a fini par y arriver. Et donc maintenant il s’est barré avec ses trois tubes de mon précieux sang quasi sans dire au revoir et en claquant la porte, genre c’est ma faute si sur le coup il a tout foiré.Donc après mûre réflexion à la question initiale « Comment ça va ce matin » je dirais que ça part plutôt mal. Je vais tenter de me rendormir (on peut toujours rêver) pour oublier tout ça et aller voir si George Clooney serait pas de garde dans mon sommeil paradoxal...

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