mercredi 18 mars 2009

La guerre des mondes*

*titre outrageusement piqué à un film avec Tom Cruise qui, contrairement à un autre précédemment plagié avec un autre Tom (Hanks), ne vaut même pas la peine qu'on y perde les deux interminables heures qu'il dure. Même si ya rien à la télé. Même si vous êtes en vacances chez Belle-Maman et que vous êtes prêts à tout pour pas avoir à lui faire la conversation. Même si vous croyez aux aliens et que vous croyez que c'est rien que des méchants qui veulent nous envahir pour se nourrir de notre sang. Même si vous êtes en classe éco dans un avion bondé surtout dans votre rangée de gens à l'hygiène corporelle douteuse visiblement très atteints par le mal de l'air. Nan, vraiment, nul, le film.

Z'avez remarqué comme plusieurs mondes/dimensions/réalités parallèles se superposent ? Ya le monde des enfants et celui des adultes. Le monde des objets et celui des humains. Et tous ces mondes sont en guerre perpétuelle et sans merci pour savoir qui est le big boss de tout ce bazar.

Si. Arrêtez de faire genre cohabitation pacifique, on est tous égaux, j'aime mes enfants et je respecte mes objets. Naaaan. Arrêtez de vous voiler la face ou d'essayer de me faire gober ces âneries, on est en campagne pour la domination des autres mondes, tous, et on a pas envie de perdre, personne.

Comme on est des adultes, qu'on est censés êtres plus grands que les enfants, et plus raisonnés que les objets, on a une fâcheuse tendance à penser qu'on est les rois de tous ces mondes.On pense qu'on a le power sur les choses et que les enfants nous obéissent. On pense que notre monde est loin loin au-dessus des deux autres. Ben on a tort. Grave.

On pense que c'est nous qu'on fabrique et qu'on jette les choses, que c'est nous qu'on décide de comment les objets fonctionnent. Sauf que pas. En vrai les choses ont leur monde à elles, où elles font leur petit business à elles, se la coulent douce et meurent, accessoirement.

Par exemple en ce moment, dans le petit écosystème de choses qui habitent sous mon toit (et qui donc me devrait obéissance ou tout du moins respect et déférence) c'est l'écatombe. Je patauge dans les cadavres d'objets. Une épidémie de choléra de cuisine a emporté dans une seule journée mon mixeur-plongeur, mon robot ménager et ma balance de cuisine. Mon sèche-cheveux a tout d'un coup décidé que sa vie ne valait pas le coup d'être vécue. Et maintenant la machine à laver a un cancer du tambour qui métastase en taches de rouilles sur notre linge... En un mot, ça tombe comme à Gravelotte.

Et malgré tous mes efforts pour me persuader que non-non-non les objets ne prendront pas le pouvoir, que le Royaume des Choses n'ont pas envahi et sclérosé la République des Humain Adultes, je ne peux que me rendre à l'évidence: je suis à deux doigts de la pneumonie à force d'amener les mouflets à l'école les cheveux mouillés, au bord de la famine à force de pas pouvoir faire à manger et surtout mon estime de moi est en berne à force de traîner dans les rues du bled en guenilles mouchetées marron couleur pus.

La bataille qui leur fait gagner la guerre : j'ai dû dépenser les sous de mon anniversaire (privée de gâteau, le cheveu gras et toujours à pois rouillés) pour financer la succession ou les frais médicaux et la maison de convalescence de tous ces objets malades, suicidaires ou décédés.

Il est donc clairement établi que le monde des objets l'emporte sur celui des humains adultes.

Reste le monde des enfants, où on croyait sûr-de-sûr que ouais, on est les plus forts.C'est du moins ce qu'on croit jusqu'à ce qu'on fasse cohabiter sous le même toit des représentants des deux mondes. On croit, « avant d'en avoir », que le monde des enfants est soumis au monde des adultes qui y font régner la loi et y imposent leurs règles. Mais, et c'est là qu'on se gourre depuis le départ, ce qu'on comprend pas, c'est que dans le monde des enfants ya PAS de règle. Pas de loi. Le concept même d'anarchie a été inventée par des mouflets.

Dans le monde des enfants, même les lois élémentaires cosmiques de l'Univers n'existent pas. Autant dire qu'on a aucune chance.

Par exemple dans le monde des enfants la gravité ne s'applique pas. Dans le monde des mouflets, si on lâche le vase en cristal de Tante Iphigénie il va pas se later sur le parquet en milliards de morceaux que Mummy mettra des années à retrouver tout ça pask'on a hurlé avant même qu'il touche le sol « jépaféexpré » ou « cépamoicémonfrère ».

Dans le monde des nains, si on saute la tête la première de la marche du haut de l'escalier on va pas s'éclater la face sur la marche du bas en s'explosant les dents de devant, tout ça juste pask'on a tendu les bras comme Superman.

Le monde des enfants est parallèle au nôtre, à savoir (permettez-moi de vous replonger dans vos cours de géométrie de 5e) que les deux vivent à distance respectable et constante l'un de l'autre et que leurs habitants peuvent s'observer dans l'incompréhension réciproque totale sans jamais vraiment se rencontrer.

OK, dit comme ça ça peut paraît triste, mais en vrai c'est plutôt mignon comme une carte de St Valentin super kitsh de « regarder et voyager ainsi dans la même direction » tout en ayant chacun son monde, chacun sa vie.

D'autant que garder à l'esprit le fait que nos mouflets vivent dans un monde parallèle au nôtre qu'on pourra jamais comprendre, croyez-moi, ça aide bien à se détendre voire à se résigner un poil rapport à nos efforts désespérés/rants de bonne éducation.

Et, pendant ce temps, l'air de rien, les mouflets l'emportent sur les trucs, les machins, les bricoles et tous les bidules du monde des choses.

Dans le monde des enfants on sait bien que la formule magique qui enlève tout pouvoir au monde des choses sur le sien c'est « ohnontoukassédaddyréparécesoir » ou la variante qui finit d'enfoncer le clou « ohnontoukassémummyachèteunnouveau ».

Et le pire c'est que ça marche.

Totale: maintenant que j'ai l'entraînement cérébral sur DS au bout des doigts, je peux vous dire que, en fait, on est tout en bas de l'échelle, les grands perdants de la guerre des mondes, nous, les adultes. Pask'on perd la bataille contre les objets et comme les mouflets gagnent la guerre sur les choses... je vous laisse finir le raisonnement.

Nous, les adultes, on a vraiment un monde pourri et on a vraiment rien compris à la vie.

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