samedi 9 mai 2009

Laisse béton

Ouais, ça aurait pu être un post au sujet de ma (seule) héroine préférée de BD, Agrippine (de Claire Bretécher, je pardonnerai même à ceux qui ne connaissent pas d'abandonner sur le champ leur lecture pour se ruer à la Fnouc ou sur Ah-ma-zône et acheter le dernier opus fraîchement sorti, ouais, c'est à ce point-là) sauf que pas, malheureusement. Nan, il s'agit là tout bêtement d'un retour aux sources de la folie bloggeuse de moi, à savoir la ruine, ma ruine, notre ruine, les travaux, quoi.

Chouchou est en plein paysageage de son jardin, donc. J'y ai dégrossi et même presque quasi fini le travail à la pelleteuse, mais y reste les finitions, les trucs de fille, ses préférés, à faire. Comme poser la terrasse, assembler la piscine en kit, planter les framboisiers et connecter la pompe du puits. Les trucs de pouffe, quoi. Les trucs pour lesquels y faut juste un poil d'huile de coude et une bêche. Et des fois du béton.

Donc en bon ingénieur qu'il est officiellement, en vrai bricoleur d'office et en pur pilier de machine à café officieux, Chouchou a passé des journées de travail pointé entières à planifier, calculer, métrer et budgétifier avec son pote Mo pour savoir quand, comment, combien et avec qui il allait fabriquer les millions de mètres cubes de béton qu'il lui faudrait pour couler la dalle sous la piscine et sceller les parpaings sous la terrasse.

Après quelques centaines de pages de cahier à petits carreaux noircies de résultats improbables découlant d'erreurs de formules notoires que même une quiche des maths comme myself a spottées au premier jet de cil (ben ouais, pas besoin d'avoir fait polytechnique pour voir que 0,037 m3 pour une pistache de 4m20 de diamètre ça allait faire léger et que par contre désolée mais 372 c'était trop), Chouchou en a été vite rendu à l'évidence que nan, mixer tout ça à la main et à la pelle ça allait être un peu trop ambiance goulag (naaan, sans dec'!). Faut aussi avouer que le Mo qui a une piscine 3 fois plus grande à margeller himself était assez content que les calculs penchent dans le sens d'une utilisation gracieuse par sa pomme de la bétonnière que Chouchou allait devoir acheter...

Donc, après 3 semaines de calculs pour appuyer sa décision, Chouchou avait donc la preuve indubitable que la seule solution à la survie de son projet et de ses bras/épaules/dos était d'investir. OK, j'ai dit, moi qui suis quand même pas chiante et über compréhensive en matière de boy's toys. Et même si ça avait été si simple que ça j'aurai trouvé ça super sympa d'avoir une bétonnière pour achever de surpeupler le garage. Sauf que, bien sûr pas. Moi qui pensais que la prise de décision serait la partie difficile, on peut dire que j'avais du béton dans les yeux...

3 semaines plus tard on en était toujours au même point, à savoir pas de bétonnière à l'horizon, tout ça pour une bête histoire de fritage de face entre Chouchou et TOUS les vendeurs de TOUS les magasins de bricolage de la région où il est sûrement interdit de séjour depuis qu'il est fiché pour tentative d'attentat sur responsable de rayon à coups de catalogue brico-jardin édition spéciale été... Soit-disant que le machin était à 129 sur le cata et à 136 dans le magasin, qu'il était déjà monté alors que c'était pas marqué ça dans la pub, qu'on l'empêchait de le déconstruire à la caisse pour le rentrer dans la sienne, et que donc la seule solution que son crâne d'ingénieur dégarni avait trouvée avec la complicité de son super pote de bricolage était, of course, de changer de voiture (plutôt que de changer de modèle de bétonnière, de la payer 7 euros de plus et de dire poliment "doigt" au vendeur de Bricoland au lieu d'essayer de lui faire avaler son catalogue). Chouchou et ses potes de machine à café étaient donc en recherche active d'un truc roulant de la taille d'un semi-remorque qui serait quand même aussi classe qu'un coupé histoire de pas devenir la honte du parking de boulot, et en avaient complètement zappé l'achat de la bétonnière. J'étais déjà nettement moins fan de cette nouvelle addition à notre famille/garage déjà surpeuplés...

Après avoir réussi à convaincre Chouchou d'arrêter ses élucubrations débiles dissimulées sous des arguments, mesures et calculs prétendument scientifiques à grand renforts de menaces d'enfouissement de sa tronche dans une grande marre de béton mélangée à la main par myself, il a fini par trouver un magasin où il avait droit de cité et un vendeur pas trop demeuré qui lui a expliqué que la version à 136 dans le magasin était plus chère paske déjà montée et que si il la voulait à 129 c'était possible mais non encore construite (ce qui, oh, ben ça alors, était tout justement ce que le Chouchou cherchait pour que ça entre dans la bétaillère à mouflets sans avoir à investir dans un nouveau char, comme quoi des fois quand on lève le nez de ses calculs et de ses poussées de testostérone on fait des découvertes fulgurantes!).

La bête a donc trône in the garage quelques jours, dans son joli carton, en pièces détachées, pendant que le Chouchou et se spotes calculait combien de sable, de gravier et de ciment il faudrait mélanger pour faire le béton et quel type de bagnole il faudrait acheter pour pouvoir tout transporter en un minimum de trajet Casto-maison. Ce à quoi j'ai coupé court sachant à quel point ça pouvait dégénérer en appelant le brico-center du bout de la rue qui a livré 1m3 de chaque le lendemain et gratos, merci monsieur.

Et là tout de suite à l'heure où nous blogons cette andouille de Rosbif (je peux pas vous dire autrement, là, franchement) est en train SOUS MES YEUX ébahis que quasi les bras m'en tombent et j'en crois pas ce que je vois, le bougre est en train vous allez pas le croire, de mélanger A LA MAIN du béton pour sceller les parpaings (que le gentil monsieur et son cro cayon ont livré en même temps que le reste). "Donc tout ton cake sur qui quoi où quand comment combien c'était en fait qu'un prétexte pour avoir de la conversation à la machine à expresso et rien foutre de la journée au taff avec tes potes, quoi!", j'ai dit, en tentant de toutes mes forces de me retenir d'assembler la bétonnière illico pour lui couler des chaussures en ciment avant de l'envoyer en vacances à la mer pour looooongtemps...

Là je blogue un peu pour me calmer et je me prépare à éclater de rire au lieu d'en sanglots quand le Chouchou va arriver à dimanche soir en ayant rien avancé de ses grands projets pask'il aura pas capté la notice de montage de l'engin qui doit être en Ouzbek ou même en Français, enfin une langue qu'il ne maîtrise absolument pas, quoi... Pourtant c'est bien en Anglais qu'ils disent "A bad workman always blames his tools" (le mauvais artisan dit toujours que c'est la faute de ses outils)...

Et en French on chante "Ah mon Dieu quel bonheur d'avoir un mari bricoleur"...

Nan, là, franchement, j'en perds mon latin.

1 commentaire:

Celine a dit…

Bah dis donc....
J'attends la suite moi!! ne nous laisse pas dans un tel suspens (sur tes nerfs et sur votre béton)
Couraaaaage!!

Bisous
C